Daniel sort de prison après une très longue peine. Sylvie, son ex femme, l’a prévenu qu’il est devenu récemment grand père: leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a refait sa vie… En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte pour rester debout face aux difficultés du quotidien.
Avec son humanisme chevillé au corps, sa troupe d’acteurs fidèle au poste et sa vision plus sombre de l’existence, Robert Guédiguian laisse un peu de côté les comédies dramatiques de son cru pour signer un vrai drame poignant, où l’humour et la légèreté n’ont pas la moindre place. Gloria Mundi conte la naissance d’un bébé (promesse d’avenir) et des retrouvailles familiales dans un Marseille en pleine mutation, dans lequel le réalisateur dénonce l’Ubérisation générale du monde moderne et du manque de solidarité qui en découle. Un constat pour le moins terrible, mais hélas empreint d’une lucidité à saluer: le cinéaste inclut dans son scénario la précarité des jobs où l’on ne demande pas de qualification spécifique, la grève dure qui empêche la mère de travailler et de gagner dignement sa croûte, l’égoïsme de ceux qui réussissent et ne laissent que des miettes aux membres de leur propre famille, l’implication d’un ex taulard revenu de tout pour s’occuper d’une gamine dont il est le papy à peine désiré, etc… Des situations déprimantes accumulées les unes aux autres et aboutissant à une tragédie que l’on voit arriver à des kilomètres. Guédiguian semble pessimiste sur l’être humain, s’engage à déplorer un individualisme de plus en plus forcené. Et dans un engrenage inéluctable, le film tisse sa toile avec du noir et encore du noir!
Son équipe de comédiens répond de nouveau présent pour incarner chacun ses êtres à la dérive, se débattant dans leur destinée médiocre, et aussi bien Ariane Ascaride que Jean Pierre Darroussin, Gérard Meylan qu’Anaïs Demoustier donnent de l’épaisseur à leur jeu naturaliste et touchant. Au delà de son habituelle générosité, Guédiguian se permet plus de larmes, plus de découragement pour signifier que l’avenir ne sera pas tout tracé ni tout paisible pour la petite Gloria… même s’il veut encore croire à des lendemains meilleurs.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
