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LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI

Antonina Millukova, jeune femme brillante, épouse le compositeur Piotr Tchaikovski. L’amour qu’elle lui porte tourne à l’obsession, alors qu’elle est rejetée par ce dernier, totalement désintéressé par les femmes et ne lui accordant que peu d’attentions. Consumée par ses sentiments et son dévouement total, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui à tout prix!

Après La Fièvre de Petrov, sorti en 2021, le cinéaste russe Kirill Serebrennikov évoque avec ce nouveau film la passion dévorante et à sens unique de celle qui parvint à épouser le compositeur Tchaïkovski, lui promettant un avenir protecteur et rassurant. Le récit débute par la mort du musicien et se prolonge par un long flash back à la fois dense et lancinant, racontant la perdition totale d’une héroïne littéralement folle d’amour, incapable de se raisonner et d’accéder au moindre bon sens. Dans cette Russie aride de la fin du XIXe siècle, les mariages de façade évitaient de devoir justifier de ses penchants homosexuels, permettaient de rentrer dans un moule établi correspondant point par point à la société d’alors et ses exigences. Serebrennikov signe une symphonie intime, se plaçant du point de vue d’Antonina, grâce à une mise en scène réellement virtuose nous permettant de pénétrer à l’intérieur même de son cerveau, souffrant avec elle des tourments effroyables que le grand homme lui fait subir. Une noirceur rare flotte sur l’entièreté du métrage, présentée dans de longs plans séquences merveilleusement agencés, passant des ténèbres à l’enfer mental. L’obstination de cette femme à placer son amour sur un piédestal absolu rappelle un peu celle d‘Adèle H dans le célèbre film de François Truffaut.

Serebrennikov dépeint le compositeur du Lac des Cygnes comme un être entièrement possédé par son art, n’assumant pas au grand jour son homosexualité et faisant vivre à cette femme sa profonde indifférence et son mépris implicite. Odin Biron l’incarne avec retenue et froideur, mais le film repose surtout sur les épaules et le jeu fascinant d’Aliona Mikhaïlova, une actrice russe incroyablement douée, glissant peu à peu dans la folie à force d’humiliations et de dévouement inutile. Entre le cauchemar éveillé et le ballet chorégraphique de noces funestes, La Femme de Tchaïkovski confirme les capacités plastiques et narratives de l’auteur de Leto et nous sert sur un plateau d’argent rien de moins qu’un opéra tragique aux couleurs sombres, au climat ambiant étouffant, dans lequel on peut presque sentir l’odeur de la mort.

ANNEE DE PRODUCTION 2022.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Du cinéma avec un C majuscule, précis et hyper soigné dans sa réalisation, travaillé de manière chirurgical. L'histoire d'une passion amoureuse non réciproque, extraordinairement jouée par Aliona Mikhaîlova.

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