Louis Mahé, riche planteur réunionnais et fabricant de cigarettes, a épousé Julie, rencontrée par petite annonce et arrivée par le paquebot Mississippi. Il s’aperçoit bientôt que ce n’est pas sa ravissante épouse qui écrivait les lettres qui l’ont séduit. Alors qu’il s’apprête à l’interroger, Julie disparaît, non sans l’avoir au préalable dévalisé. Il engage un détective privé pour retrouver sa trace …
Loin de ses films « personnels » comme Jules et Jim, Baisers Volés ou La Nuit Américaine, François Truffaut a également adapté des romans de polars américains signés William Irish. Après La mariée était en noir, voici La Sirène du Mississippi, à la fois trame policière et intrigue amoureuse. Truffaut se penche plus volontiers sur l’aspect « romantique » en proposant l’évolution d’un couple au fil de multiples péripéties. Ne cherchant pas la vraisemblance a tout prix, le cinéaste préfère décrire l histoire d’amour sur un mode « aventures » road movie, avec ici ou là des éléments de suspense. Longtemps considéré comme son « grand film malade », c’est a dire une oeuvre pleine de qualités qui ne fonctionnent pas totalement, cette sirène parle de duperie, de sentiments contradictoires, de confiance et de l’avilissement dont ont peut être capable quand on aime aveuglément un être idéalisé. Du coup, ce roman d’amour noir ne vire pas vers le polar attendu, mais bien davantage vers une radiographie de la passion, sujet que Truffaut traite dans tant de films de son oeuvre. La mise en scène accompagne ses protagonistes au plus près, nous les rend attachants et mystérieux à la fois , naviguant en eaux troubles jusqu’au dénouement que l’on pressent tragique.
Pour former ce couple atypique, Truffaut dirige pour la première fois deux stars totales de l’époque: Catherine Deneuve, qu’il filme avec un plaisir évident en lui offrant le rôle de cette femme insaisissable se comportant comme un « voyou pousse au crime » et Jean Paul Belmondo, étonnant dans ce contre emploi d’homme vulnérable, plus proche de la « vierge effarouchée » comme diront certains critiques que du héros invincible. L’alchimie spéciale entre les deux interprètes participe en partie à l’ intérêt que l’ on prend à suivre cette romance pas comme les autres. Si La Sirène ne peut prétendre figurer au top des réussites de son auteur, il n’en est pas moins doté de séduisants attraits, que le temps n’a pas altéré. Au contraire…
ANNEE DE PRODUCTION 1969.
