Gelsomina, adolescente un peu simple d’esprit est vendue par sa mère à un hercule de foire briseur de chaines nommé Zampano. Elle est douce et toute gentille, lui brute et proche de l’animal. Elle l’aime d’un amour total et sincère et le suit de village en village sur les routes d’une Italie désolée. Un jour, ils croisent le chemin d’un funambule lunaire, Il Matto dit le Fou…
Quatrième film de Federico Fellini, La Strada compte sans nul doute parmi ses oeuvres les plus accessibles et les plus populaires. Cette fable liant deux personnages diamétralement opposés est contée par le maitre italien dans un style qui cherche à s’éloigner du néo réalisme des années Rossellini. Bien que le film soit tourné en décors naturels, il ne s’inscrit pas dans une époque précise, il peut tout aussi bien s’agir de l’entre deux guerres que du siècle précédent. Fellini raconte une histoire d’amour et de jalousie dans le monde des forains, ces êtres marginaux constamment en voyage pour gagner leur pain. Le destin de ces personnages semblent tracés comme dans toute tragédie et le réalisateur de La Dolce Vita injecte une vraie poésie dans son récit, avec ses thèmes fortement inspirés du christianisme (la bonté de Gelsomina face à la nature primaire de Zampano, rustre envers les autres). Comme dans un duel entre la pureté et la brutalité, entre cette femme enfant et ce briseur de chaînes que rien ne semble émouvoir. Le motif musical de Nino Rota emprunté à une symphonie de Mahler accentue l’aspect mélodramatique de ce scénario candide et simple comme bonjour.
La Strada n’aurait peut être pas accédé à un tel degré d’émotions sans le concours de l’épouse de Fellini, l’actrice Giulietta Masina et ses grands yeux naîfs, emplis d’amour, heurtés par la cruauté du monde. Son maquillage de clown triste évoque tout autant Chaplin qu’Harpo Marx. Anthony Quinn, colosse tyrannique, confère à son rôle la dureté nécessaire et dans le final déchirant, il fend l’armure de façon magistrale. La plage ouvre et ferme le film, d’abord en plein soleil puis dans une nuit noire, comme pour signifier que l’existence alterne la lumière du bonheur aux ténèbres du chagrin le plus profond., et qu entre les deux il faut juste tenter de vivre.
ANNEE DE PRODUCTION 1954