MAY DECEMBER

Pour préparer son nouveau rôle, Elisabeth, une actrice célèbre vient rencontrer Gracie, la femme qu’elle doit incarner à l’écran, dont la vie sentimentale a enflammé la presse à scandale et passionné le pays 25 ans plus tôt…

Le dernier long métrage de Todd Haynes, réalisateur tournant peu mais bien en général (Safe, Loin du Paradis, Dark Waters), revient avec une oeuvre complexe, fascinante et à l’écriture aiguisée. Ce May December distille un malaise subtil, une atmosphère de silences pesants et propose, sous couvert de dresser deux portraits féminins à la fois semblables et contraires, un drame psychologique feutré. Vaguement inspiré d’un fait divers (le cas Mary Kay Letourneau, cette institutrice accusée de viol sur un mineur de 13 ans, avec qui elle forma ensuite un couple), le film évoque bien sûr par bribes le scandale qui entoura l’héroïne menant une existence de femme mariée et mère de trois enfants et qui intéresse une actrice désireuse de tenir son rôle à l’écran. Dans ce jeu de miroirs malsain, l’une semble jauger l’autre, tout en essayant aussi de se rapprocher, à défaut d’instaurer une amitié. Todd Haynes ne traite pas frontalement du sujet épineux de la pédophilie, il axe davantage son propos sur la prédation et l’emprise qu’exerce d’une certaine façon le personnage de Gracie sur Joe, tout en montrant aussi que le couple semble s’aimer d’un amour authentique et indestructible: chacun se fera son idée selon sa sensibilité et son ressenti. En tout cas, l’intelligence du réalisateur de Carol réside dans le fait qu’il tente d’aller au delà du scandale et de porter un regard plus ou moins neutre sur cette affaire de moeurs forcément dérangeante.

L’affiche mettant avant les visages des deux actrices joue beaucoup dans l’attrait causé par le film. Et pour cause! On y retrouve Julianne Moore, la muse de Haynes depuis Safe et pour la sixième fois sous sa direction, de nouveau dans un rôle fort qu’elle tient à bout de bras, passionnante d’ambiguité, face à Natalie Portman incarnant l’actrice en charge de l’ « observer » et qui s’avère captivante comme rarement. La séquence où elle déclame la lettre d’amour de Gracie pour ses essais caméras est stupéfiante d’intensité. Entre elles, le jeune Charles Melton, vu dans des petits rôles jusque là, arrive fièrement à tirer son épingle du jeu. May December fait partie de ces films envoûtants posant des questions et des dilemmes moraux, hantant le spectateur longtemps après le mot FIN.

ANNEE DE PRODUCTION 2024.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un script subtil, une réalisation feutrée et percutante à la fois, sur un sujet inspiré d'un fait divers. Julianne Moore et Natalie Portman aussi grandes l'une que l'autre.

1 COMMENTAIRE

  1. Très bon film qui ne glamourise pas le détournement de mineur (ce qui est rare) mais interroge sur le pourquoi plus que sur le comment. Les actrices sont d’une justesse exceptionnelle.

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