A la mort de son père, Peter hérite du domaine familial dans la campagne anglaise. Quelque peu désemparé par ce changement de vie, il décide d’inviter ses anciens amis de l’université pour fêter le Nouvel An. Dix ans se sont presque écoulés depuis leur dernière réunion commune. Fous rires et règlements de comptes vont rendre cette soirée inoubliable.
Lawrence Kasdan avait signé un grand film sur l’amitié et marqué les années 80 avec Les Copains d’abord, mais finalement dans le cinéma britannique, il n’y avait pas eu de précédent, jusqu’à ce que Kenneth Branagh sorte un peu de son affection pour les textes de Shakespeare et réalise Peter’s Friends. Il tisse une comédie dramatique au récit bien huilé, où il met en lumière l’amitié sous des jours divers: contrariée, joyeuse, trahie, avec ses hauts et ses bas, ses petits travers et ses cachotteries. Débutant avec une énergie communicative, de l’humour (souvent féroce), des bons mots et des quiproquos assez drôles, le film prend peu à peu un ton plus grave quand on découvre au fil des dialogues les blessures et les secrets de chacun des convives, à qui la vie n’a pas toujours souri, malgré les apparences. Cette réunion chorale est l’occasion de se dire ce qu’on a gardé sur le coeur, d’avouer un chagrin d’amour, une attirance irrésistible ou d’assumer au grand jour son penchant pour l’alcool. Peter’s Friends respire la bonne humeur, l’authenticité, et même lorsque le récit devient plus amer, ses personnages restent attachants et terriblement humains. Branagh leur donne un vécu, un passage où chacun va pouvoir exprimer sa vérité profonde. Sa mise en scène, pêche un peu par son manque d’inventivité, l’auteur de Hamlet se focalisant surtout sur le déroulement de son script jusqu’à une séquence finale chargée en émotions.
Il s’est réservé le rôle principal et s’entoure d’une distribution choisie sur le volet, avec la crème des comédiens anglais. Ainsi, Hugh Laurie, Phyllida Law, Tony Slaterry, Imelda Staunton mettent leur savoir faire dans leurs rôles, mais c’est surtout Stephen Fry en hôte introverti et Emma Thompson en vieille fille quelque peu avide de rencontres sexuelles qui sortent du lot avec bonheur. Ce film plein de tendresse, de petits riens qui font chaud au coeur, et surtout de complicité entre ces membres unis et désunis par la vie se classe sans mal parmi les jolies réussites de Kenneth Branagh, avant qu’il ne devienne un réalisateur dévoré par la machinerie hollywoodienne. Un seul mot domine: touchant!
ANNEE DE PRODUCTION 1992.