Precious est une adolescente vivant dans le ghetto pauvre de Harlem. Adolescente obèse et analphabète, elle est de plus sous la coupe d’une mère tyrannique et fut auparavant violée par son père, dont elle a eu un enfant. Grâce à une prof attentionnée et à une assistance sociale impliquée, elle tente de sortir de cet enfer quotidien…
L’ouvrage Push de Sapphire avait explosé les ventes aux Etats Unis et la véritable histoire de Clareece Precious Jones ne pouvait que devenir un film, après avoir bouleversé ainsi le pays. Le réalisateur Lee Daniels se charge de l’adapter et en tire une oeuvre poignante, qui noue les tripes. Contant ce destin terrible sans faire l’impasse sur les horreurs vécues par sa jeune héroïne, il montre comment la violence engendrée dans la cellule familiale coupe les ailes, anéantit toute possibilité d’évolution et se répercute ensuite dans les réactions et le comportement qu’elle développe dans le milieu scolaire. Daniels parvient pourtant à ne pas verser dans un mélo atroce, ce qui aurait pu être facile vu la dureté de cette existence fracassée. Sa reconstruction passera par la lecture et l’écriture, comme exutoires et par le lien intense noué avec une professeur aussi attentive que compassionnelle. Precious s’échappe aussi de sa vie malheureuse en rêvant à ce qu’elle voudrait étre: aimer, reconnue, célèbrée et vivant les joies d’une adolescence « normale ». Enfermée dans son corps obèse, muselée par un manque criant de tendresse, elle survit dans un contexte toxique, qu’elle va progressivement quitter pour aller vers un avenir meilleur. Le scénario cumule certes des séquences chargées où l’on a envie de crier Stop, néanmoins elles sont tempérées par quelques moments plus légers, des instants de bonheur fugace avec notamment l’amitié que Precious reçoit de quelques unes de ses camarades.
L’espoir et la grâce émanent énormément de la composition très forte de l’actrice Gabourey Sidibe, libérant peu à peu ses blessures et son mal de vivre. A ses côtés, Mo’Nique incarne la mère exécrable et haineuse avec une vérité effrayante. À noter dans les seconds rôles, Lenny Kravitz en infirmier séduisant et surtout une méconnaissable Mariah Carey, sans maquillage, jouant l’assistance sociale et s:avèrant très émouvante. Precious fut nommé pour 6 Oscars et en gagna deux (meilleur scénario adapté et meilleure second rôle féminin). Et fit surtout chavirer les cœurs les plus endurcis.
ANNEE DE PRODUCTION 2010.
