Paula, séduisante quadragénaire décoratrice d’intérieur, vit à Paris. Elle est la maitresse depuis longtemps de Roger, un homme d’affaires de son âge, qui refuse de s’engager dans une relation plus sérieuse et la trompe allégrement. Insatisfaite, Paula succombe aux avances d’un tout jeune homme d’à peine 23 ans, Philip qui lui fait une cour assidue. La différence d’âge et les hésitations de chacun vont ils pouvoir s’accommoder de la situation très longtemps?
Anatole Litvak , le réalisateur d’Anastasia, retrouve l’immense Ingrid Bergman pour cette adaptation du roman de Françoise Sagan, contant les amours de la belle Paula, une femme entre deux âges, partagée entre deux hommes. L’intrigue amoureuse de ce trio peut à première vue paraître dénué d’originalité, mais le style de Sagan se retrouve jusque dans la mise en scène délicate de Litvak, réussissant à transcender des situations vues mille fois ailleurs. L’adultère est au centre du film (bien que le personnage de cette femme ne soit pas officiellement mariée à son partenaire réticent à parler d’avenir), mais c’est surtout la manière audacieuse pour l’époque (on est au début des années 60) de montrer une idylle se nouer entre une femme mûre et un jeune homme aussi séduisant qu’inexpérimenté. Une certaine légèreté teintée de pointes d’humour traverse d’abord la première partie , dans le jeu de la séduction, de la ronde sentimentale , dans les hésitations et la fougue de ces protagonistes. Puis, on glisse par paliers dans un drame plus profond: celui de cette femme entièrement faite pour l’amour et qui se confronte soit à l’affection distante de son homme, soit à la passion déraisonnable de son prétendant. Bien sûr, les dégâts seront inévitables et l’épilogue terriblement cruel.
Ce beau portrait féminin est un écrin idéal pour une des actrices favorites d’Hitchcock (Bergman donc!), trouvant là un rôle tout en finesse qu’elle défend admirablement. Ses deux partenaires masculins ne sont pas en reste, Yves Montand joue la séduction tranquille en parfait macho (il est à sa place sans faire d’éclats) et Anthony Perkins, tout fraichement sorti de Psychose, incarne le jeune freluquet amoureux avec beaucoup de tenue. Le film tient énormément sur ses acteurs, mais leur performance ne doit pas faire oublier un récit très émouvant et une réflexion pertinente sur les sentiments, ainsi que sur les choix hasardeux du coeur humain. Et l’intelligence de Litvak a permis de ne pas trahir l’essence fondamentale du livre de Sagan. Un excellent passage de l’écrit à l’écran.
ANNEE DE PRODUCTION 1961.
