Le Ly est une jeune vietnamienne plongée dans la tourmente de la guerre qui frappe son pays. Adepte de la guérilla, elle est arrêtée par les troupes gouvernementales et subit les pires humiliations physiques et morales. Elle fuit vers Saigon où le destin semble s’acharner contre elle jusqu’au jour où elle rencontre Steve Butler, un GI américain qui tombe fou amoureux d’elle. Il lui propose de l’épouser et surtout de la ramener aux Etats Unis…
Après Platoon et Né un 4 Juillet, le réalisateur américain Oliver Stone clôt sa trilogie sur la guerre du VietNam, avec cette fois un changement radical de point de vue, puisqu’il se place du côté vietnamien, en adaptant deux ouvrages écrits par Le Ly Hayslip sur son parcours avant, pendant et après le conflit. D’où ce sentiment constant d’authenticité dans le déroulement du récit, raconté d’ailleurs en voix off par sa jeune héroïne, tiraillée entre deux mondes qui ne veulent pas d’elle, tiraillée entre ciel et terre. Cette épopée grandiose ne lésine pas sur les horreurs perpétrées par les américains, ne cherchant jamais à les excuser ou à les amoindrir, et surtout use d’un lyrisme bienvenu pour créer une véritable émotion. La mise en scène de Stone est certes comme à l’accoutumée « mastoc » et porté sur le spectacle plus que sur l’intime, pourtant en se concentrant sur le destin de la jeune fille et de sa famille, le cinéaste y gagne en tendresse et en générosité, ne faisant jamais l’impasse sur les moments les plus douloureux de son parcours. Quitte à friser parfois le mélodrame appuyé, toujours en contrepoint du sujet central: la guerre et son lot de haines, d’intérêts politiques, de vies brisées, d’humains sacrifiés. Stone verse un peu plus dans le « schématisme simpliste » lorsqu’il traite de religion et notamment de bouddhisme, mais en regard de l’ambition de son projet, ce défaut n’impacte pas trop la qualité de l’ensemble. A souligner également la superbe BO signée Kitaro, un compositeur japonais, ayant parfaitement su illustrer les images splendides tournées par Stone.
L’interprétation sensible de Hiep Thy Le, jeune débutante d’origine vietnamienne, ne démérite pas face au plus expérimenté Tommy Lee Jones, incarnant avec force un GI américain brisé (certainement un de ses rôles les plus émouvants). En prime, la présence de Haing S. Ngor, l’acteur cambodgien que l’on avait découvert dans le très dur La Déchirure sur le génocide Khmer Rouge. L’ultime partie, située aux Etats Unis, recèle quelques raccourcis dans la narration tout en restant très intéressante, car elle décrit le choc des cultures avec pertinence. Entre Ciel et Terre fut une déception au box office, il pourrait toutefois prétendre être le plus beau film d’Oliver Stone.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.