Julie, la quarantaine, se démène pour élever seule ses deux enfants à la campagne, tout en gardant son travail de première femme de chambre dans un hôtel de luxe parisien. Quand une grève générale éclate, la paralysie des transports complique grandement son quotidien. D’autant qu’elle postule au même moment pour un poste dans une entreprise, correspondant réellement à ses aspirations. Une course folle commence alors pour elle…
Il s’agit seulement du second long métrage d’un jeune réalisateur nommé Eric Gravel, originaire du Canada, et nul doute que nous devrions réentendre parler de lui. Il met en scène ce drame social tendu et aussi stressant que la vie de son héroïne, se déroulant tel un thriller oppressant et captivant de bout en bout. Son récit tourne autour d’une jeune mère célibataire combative, menant de front son boulot harassant de femme de chambre et la recherche effrénée d’un travail plus épanouissant pour elle. Tout semble aller contre sa volonté, pourtant exemplaire: le temps passe trop vite, elle doit courir du matin au soir, se battre contre les mouvements sociaux, trouver des solutions pour assurer à tous points de vue! La caméra la suit, énergique et sans arrêt en mouvement, captant avec beaucoup de justesse les dysfonctionnements d’une société en souffrance, où l’individu est broyé par le rouleau compresseur des obligations professionnelles, de la pression permanente. Gravel filme admirablement la ville pressée, bouillonnante mais épuisante et accorde à son beau personnage de femme une place essentielle.
Le réalisme de son traitement nous embarque dans ce cauchemar éveillé, où l’on voudrait pouvoir dire stop, mais où le suspense monte, comme dans un vrai film policier. Jusqu’où Julie va t’elle encaisser tous ses revers et sa destinée? Laure Calamy s’approprie ce rôle fort avec grandeur et prouve encore l’étendue de ses capacités. En guerrière acharnée, elle ravit autant qu’elle émeut. Alors que l’on pressent un final radical et ultra dramatique, le cinéaste préfère terminer sur une note positive, que l’on peut trouver « artificielle », mais qui n’enlève rien à l’excellence de ce très bel opus, hautement recommandable.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.