Vienne, 1823. Antonio Salieri, compositeur italien, se tranche la gorge en s’accusant d’avoir tué Wolfgang Amadeus Mozart. Enfermé dans un asile, ce vieil homme égaré se confesse au Père Vogler. Trente deux ans plus tôt, à Prague, il eut la faveur de l’empereur mélomane Joseph II et devient le musicien réputé officiel de la Cour. Jusqu’à ce que Mozart n’entre en scène et l’éclipse totalement…
Le dramaturge Peter Shaffer avait au préalable écrit une pièce de théâtre réputée autour de la rivalité entre Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Salieri dans le Prague de 1781. Il fut dont logique que ce sujet intéresse fortement le cinéma et particulièrement le cinéaste Milos Forman pour en tirer une adaptation sur grand écran. Avec la démesure que nécessitait un tel sujet. Amadeus devient ainsi un somptueux spectacle visuel avec sa reconstitution bluffante, ses décors et ses costumes d’époque remarquablement rendus, ainsi qu’un enchantement sonore puisqu’il utilise bien sûr les airs les plus fameux du compositeur le plus célèbre de tous les temps. Pourtant, le film ne veut pas être un biopic classique et d’ailleurs pour cette raison précise, le point de vue principal est celui de Salieri sur son rival. C’est par ses yeux et ses mots que l’on relate Mozart, jusque dans ses extravagances, son rire haut perché, son penchant pour l’alcool, sa folie créatrice. Forman ne cherche nullement la vérité historique, il donne UNE vision parmi d’autres de la légende. Cette oeuvre monumentale sur la création musicale, la naissance d’un génie hors du commun nous apparait comme une comédie humaine où coexistent des sentiments comme l’admiration, la jalousie, l’envie, l’amour et la haine. D’autre part, Forman semble avoir ajouté une dimension contemporaine à la personnalité de l’enfant terrible auteur de Don Giovanni et les fanfreluches et autres perruques roses lui donnent un aspect très « pop art », décalé et drôle.
Amadeus a enfin révélé deux acteurs extraordinaires qui n’ont curieusement pas confirmé par la suite. Tom Hulce incarne Mozart avec un peps et une folie étonnantes, tandis que F.Murray Abraham compose un Salieri absolument dévoré par l’aigreur et l’amertume. Les deux seront nommés pour l’Oscar et c’est Abraham qui l’emportera. Entre l’artiste touché par la grâce dès l’âge de 4 ans et l’artisan besogneux dénué de génie, la concurrence fait rage et déchaîne les passions jusque dans le final où ils se retrouvent par un curieux concours de circonstances à rédiger quelques notes du fameux Requiem, annonciateur de la mort prématurée du jeune prodige. Ce chef d’œuvre a récolté une flopée de prix dont 8 Oscars et apportera à la grande musique classique (au cinéma ) ses lettres de noblesse.
ANNEE DE PRODUCTION 1984.