Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au jour le jour. Il jongle entre différents petits boulots et recule l’heure des choix et des engagements. Il voit souvent Sandrine, sa soeur ainée, dont il est proche. Celle ci est mère célibataire d’une petite fille de 7 ans, Amanda. Un jour, lors d’un attentat terroriste, Sandrine est tuée. David se retrouve à devoir s’occuper de sa nièce, tout en gérant son propre deuil, ses obligations, sa vie d’adulte complètement chamboulée…
La vie après l’horreur! Voila un thème très fort que ce film hyper sensible traite avec une infinie douceur, malgré la brutalité de son sujet. Un jeune homme perd sa soeur, victime de la folie terroriste, et doit s’occuper de sa petite nièce, orpheline d’un coup, alors que lui même est encore un adulte pas totalement installé dans sa vie et son avenir. Le réalisateur Mikhael Hers, auteur de Ce Sentiment de l’été, fait preuve d’une mise en scène délicate pour raconter l’indicible douleur laissée par la mort d’un proche, la lente et difficile reconstruction après un événement traumatique, ainsi que sur les dommages collatéraux énormes vécues par ceux et celles ayant traversé cette épreuve. Sans citer explicitement les attentats de Novembre 2015, Hers situe son action dans notre époque anxiogène, rendant parfaitement (et avec des détails infimes) le climat d’insécurité régnant dans un Paris atteint, blessé, à l’image de son héros. Il suit le parcours de David, luttant pour élever sa nièce, encore sonnés tous deux par la perte irréparable qu’ils ont subi. Sans pathos ni effets mélodramatiques gratuits, le cinéaste parvient à nous bouleverser avec des riens, des petites choses apparemment insignifiantes, et crée une émotion profonde.
Le lien s’instaurant entre ces deux êtres, unis dans l’adversité, ne serait pas aussi touchant sans l’implication des comédiens. Ainsi, Vincent Lacoste, que l’on n’avait jusque là vu que dans des comédies, démontre une puissance dramatique insoupçonnée et étonne très positivement avec son jeu précis. Et sa jeune partenaire, Isaure Multrier, est épatante de justesse. Un sans faute qui se confirme aussi avec les jolies prestations des seconds rôles féminins: Stacey Martin, Ophélia Kolb et Marianne Basler. Mikhael Hers signe là un film douloureux, mais vraiment très beau.
ANNEE DE PRODUCTION 2018.