New York, 1955. Le détective privé Harry Angel est engagé par un certain Louis Cyphre pour retrouver la trace de Johnny Favorite, un ancien crooner qu’il avait contribué à lancer. Devenu invalide pendant la guerre, ce dernier croupirait dans une clinique psychiatrique de la région, mais M. Cyphre soupçonne l’établissement de couvrir sa mort. Harry Angel apprend bientôt que Favorite a été enlevé par deux personnes originaires du Sud des États-Unis, moyennant finance. L’enquête va s’avérer plus dangereuse que prévue, semant la mort sur son passage. Elle conduira également le détective sur les terres mystiques de La Nouvelle Orléans…
Le britannique Alan Parker, bien connu pour Midnight Express et Fame, changea radicalement de genre en adaptant le roman de William Hjorstberg Le Sabbat dans Central Park et signe un film noir à la lisière du fantastique qui a fait date. Angel Heart s’apparente à une enquête policière à la Marlowe, sauf qu’ici le détective en charge du mystère à résoudre serait du style psychotique obsessionnel et qu’il va évoluer dans une ambiance glauque, qui suinte la mort et les rites sataniques. Grâce à un fabuleux scénario mené tambour battant, le film prend comme toile de fond le vaudou, des meurtres horribles (dix ans avant Seven qui le battra dans ce domaine), la recherche d’un homme disparu dont on ignore s’il est vivant ou mort et qui reste le moteur de toute l’intrigue. Parker propose aussi une invitation au voyage, passant d’un New York nocturne inquiétant aux plages désolées de Coney Island, pour atterrir ensuite dans les bayous étouffants de la Nouvelle Orléans. Le suspense est habilement maintenu jusqu’à un final assez gore, un peu dans l’épate, en guise de twist bluffant que l’on n’a pas vu venir…
Cette descente en enfer permet la réunion de deux acteurs qui ne s’étaient jamais croisé avant (et dont la mésentente totale durant le tournage ne se ressent pas du tout): Mickey Rourke, sorti de L’Année du Dragon de Cimino, sacré star en un rien de temps, physique de beau gosse un rien torturé collant bien à ce privé en quête de vérité. Face à lui, Robert de Niro, que l’on ne présente plus, acteur monstre, dirigé par les plus grands et incarnant ici un avocat étrange qui va révéler sa véritable nature au fur et à mesure. Dans un rôle un peu trop court, la toujours énigmatique Charlotte Rampling joue une « médium » qu’elle arrive à faire exister l’espace d’une seule séquence. Ce thriller vénéneux et sa fascination pour le Mal compte parmi les meilleurs films de son auteur. A voir et à revoir.
ANNEE DE PRODUCTION 1987.



