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EN CAS DE MALHEUR

En 1957 à Paris, la jolie Yvette Maudet, tapineuse occasionnelle, assomme une femme en tentant de dévaliser un horloger. Maitre André Gobillot, avocat quinquagénaire, tombe fou amoureux de sa jeune cliente et obtient son acquittement grâce à un faux témoignage. Il entame alors une relation amoureuse avec Yvette qu’il entretient, mais doit la partager avec un homme plus jeune, Mazetti. Soupçonné d’avoir payé un faux témoin, la carrière de Gobillot se voit menacée…

Un an avant que Truffaut ne tire à boulets rouges sur la Qualité Française et sur Claude Autant Lara en particulier, sortait ce classique adapté d’un roman de Simenon. Une histoire de passion entre un bourgeois marié et installé et une jeune et belle délinquante. Sous le vernis de la respectabilité et le triomphe des apparences, En cas de malheur fichait un coup de pied dans les conventions et a déclenché les foudres de la censure en induisant l’idée que cette relation (bien sûr basée sur un intérêt commun au départ) puisse être une réelle histoire d’amour. Et pourtant… Autant Lara y décrit le cynisme social, les fragilités de l’âme humaine, le penchant pour l’interdit et quelques séquences ne pouvaient que faire scandale dans ces années 50 encore bien frileuses: notamment le moment où Yvette vient plaider sa cause chez l’avocat et soulève sa jupe pour le convaincre d’accepter de l’aider. Un plan qui fut d’ailleurs partiellement coupé pour ne pas trop choquer la morale de l’époque. Grâce à des dialogues très (et bien) écrits, en collaboration avec Jean Aurenche, Autant Lara construit une tragédie qui ne dit pas son nom, un drame cousu de main de maitre, où la fatalité abat ses cartes de manière implacable jusque dans son final déchirant. Pourtant, pour ne pas charger le récit d’amertume, quelques passages offrent aussi un peu d’humour et de légèreté et évoque même quasiment frontalement le triolisme au détour d’une scène plutôt coquine.

La rencontre au sommet, presque improbable, a lieu entre le lion Jean Gabin, autoritaire baissant la garde et attendri par le personnage joué par Brigitte Bardot, sacrée star depuis Et Dieu créa la femme, tout à fait idéale pour ce rôle de délinquante inconséquente à qui on pardonnerait bien toutes les fautes. Le plus intéressant est qu’Autant Lara n’a pas limité BB à sa seule beauté comme s’était contenté de faire Vadim, et laisse apparaitre les aptitudes de comédienne qui éclateront chez Clouzot et La Vérité. Entre eux, la grande Edwige Feuillère s’impose par sa lucidité d’esprit et incarne l’épouse complaisante avec une classe rare. En Cas de Malheur demeure certes le chant du cygne de la Qualité Française avant le déferlement de la Nouvelle Vague, mais se place aussi comme l’un des meilleurs films de Claude Autant Lara.

ANNEE DE PRODUCTION 1958.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Amorale, libre, gonflée pour son époque, cette adaptation de Simenon s'inscrit dans les grandes réussites d'Autant Lara. Réalisation inspirée, récit écrit au cordeau et un duo inoubliable Gabin/Bardot.

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