Après le viol de sa compagne Alex, son compagnon et l’ex de cette dernière se lancent à la recherche du criminel dans les bas fonds de Paris. La soirée avait pourtant bien commencé pour eux, partis dans une fête arrosée, sans se douter de l’horreur à venir…
Des qualificatifs nombreux peuvent résumer cette oeuvre: choquant, radical, provocateur, malsain, etc… Irréversible reste encore vingt ans après sa sortie LE film le plus marquant de son auteur, Gaspar Noé. Il avait enflammé la Croisette à Cannes avec ce récit raconté de façon inversée (la fin démarre au début!), décrivant le cauchemar vécu par un couple d’amoureux, de l’agression ignoble de la jeune femme à leurs derniers ébats quelques heures plus tôt: une manière pour Noé de montrer combien la vie peut basculer en un instant, que l’irréversible frappe sans prévenir et enfin que « le temps détruit tout » comme le souligne un des personnages du film. Par ses mouvements de caméras vertigineux, son ambiance constamment glauque dans un Paris nocturne crasseux, et surtout par ses deux longues séquences de dix minutes chacune d’une violence inouïe et filmées frontalement, Noé pousse le spectateur dans ses retranchements, l’oblige presque à supporter le regard sur des actes abominables, que l’on préfère tenir cachés d’ordinaire. Il fut accusé de complaisance dans son traitement (et il y en a assurément), mais sa proposition de cinéma demeure courageuse, même aussi désagréable soit elle!
Ce souci de réalisme inconfortable que d’autres avant Noé ont expérimenté (on pense au Salo de Pasolini, à Funny Games de Haneke ou à Orange Mécanique de Kubrick) ne doit pas être la seule chose à retenir de cet opus. Car il y a également le couple troublant formé par Vincent Cassel et Monica Bellucci (qui plus est réellement ensemble dans la vie au moment du tournage) et qui s’expose là à une radiographie impudique de leurs rapports. Lui, apporte à son personnage une part de son animalité soudainement brisée par la tragédie. Elle, irradiante de beauté mérite bien des bravos pour avoir accepté de se lancer à corps perdu dans cette expérience limite. Albert Dupontel les seconde bravement, lui aussi atypique dans ses choix. A noter la participation de Philippe Nahon comme une piqure de rappel de l’effroyable Seul contre tous, premier long métrage déjà scandaleux de Noé. Hélas, ses derniers films se vautrent dans des trips hallucinatoires pénibles, sans la moindre épaisseur. On peut aisément détester le sordide assumé qui se dégage du propos. Petites natures s’abstenir!
ANNEE DE PRODUCTION 2002.
