De son enfance à sa gloire, de ses victoires à ses blessures, l’exceptionnel parcours d’Edith Piaf. A travers un destin digne d’un roman, la chanson populaire et la voix d’une femme hors du commun…
Raconter la vie incroyable d’un monument et d’un symbole de notre patrimoine est tout à la fois une riche idée et un pari hautement risqué. Il faut avoir les épaules larges pour rendre un hommage digne de l’immensité de l’artiste, dont on va évoquer l’existence. Olivier Dahan est aux commandes de ce biopic énorme (par son budget autant que par son ambition), et il entreprend de voyager dans les époques. En mêlant des séquences montrant l’enfance difficile d’Edith, puis en s’attachant à ses premiers pas sur une scène de cabaret, ensuite sa fulgurante ascension et sa conquête d’un public qui va l’adopter et l’aimer pendant près de 30 ans. Le scénario se permet donc des sauts dans le temps, avec plus ou moins de pertinence, mais en gardant toujours un seul et même cap: le lyrisme et le romanesque. Ce parti pris gonflé est à la hauteur des attentes et Dahan saisit le personnage dans sa complexité et sa démesure. On voit l’éclosion d’une chanteuse au départ mal à l’aise et guindée, qui va peu à peu devenir la reine du music hall et surtout LA voix du siècle, bouleversant les coeurs du monde entier. Des faubourgs de Belleville aux rues de New York, Piaf saura partout laisser son empreinte, en écrivant chaque jour sa légende. Une force émane indéniablement du film quand il traite aussi des amours et des coups de sang de la Dame, surtout avec l’homme de sa vie, Marcel Cerdan, mort hélas prématurément.
Bien sûr, on peut toujours rechigner sur le choix de Dahan d’insister sur le côté dramatique de l’addiction à la drogue, aux anti douleurs, et également à l’alcool de Piaf, qui a clairement précipité sa chute. Un sentiment de misérabilisme tenace nous agrippe au fil de la projection, mais la précision dans les émotions reste imparable et grâce aux chansons inoubliables que l’on entend tout du long, comment ne pas chavirer? Ce grand film populaire (dans le bons sens du terme) tient évidemment beaucoup à la performance de son actrice principale. Marion Cotillard livre une stupéfiante composition, fascinante dans la gouaille comme dans les larmes, et elle a le mérite d’exister au delà d’un maquillage pourtant très marqué et la rendant presque méconnaissable. Elle a mis les audiences à genoux et remporter tous les prix possibles: Oscar, César, Bafta, Golden Globe… Du jamais vu! Les autres interprètes (Testud, Greggory, Depardieu) font aussi de belles choses, mais elle les éclipse tous. Avec ce portrait audacieux et radical, Dahan a signé un des plus beaux mélos de ces vingt dernières années et ressusciter un mythe.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.
