Inventeur génial de la téléportation par reconstitution moléculaire, le biologiste Seth Brundle se prend lui même comme cobaye pour démontrer l’efficacité du processus à une séduisante journaliste, Véronica. Brundle commence pourtant à changer physiquement jour après jour et il semblerait qu’une simple mouche en soit la cause…
David Cronenberg n’est pas un grand cinéaste pour rien et quand il s’est emparé d’un vieux film fantastique des années 50, La Mouche Noire, pour en signer un remake, ce n’était certainement pas pour en reproduire le scénario à la lettre, ni juste y rajouter de la modernité. Il s’inspire davantage du récit de Kafka, La Métamorphose, pour nous conter cette terrifiante histoire d’un jeune savant autodidacte, emballé par ses travaux de recherche sur la téléportation et qui devient malgré lui victime de ses expériences. Le film démarre presque légèrement avec cette rencontre amoureuse entre le héros et une jolie journaliste intriguée par la trouvaille de ce dernier, puis on entre carrément dans une dimension horrifique avec la transformation progressive d’un être humain en… insecte! Comme à son habitude, Cronenberg traite du thème de l’organique, du corps mis à mal, de la chair en pleine dégénérescence. Au passage, il rend des hommages appuyés à des films comme La Belle et la Bête, Frankenstein et dans une moindre mesure au Portrait de Dorian Gray. Il nous offre le spectacle fascinant d’une métamorphose, provoquant notre voyeurisme et notre répugnance pour la laideur. Avec des effets spéciaux fabuleux et un maquillage hors pair (merci à Chris Walas), le film marque les mémoires par son réalisme, alors même que l’on sait pourtant bien qu’il s’agit d’une « simple » fable.
Plus proche du genre fantastique que de l’horreur, La Mouche garde toujours un pied du côté de l’humain et cherche presque notre compassion comme Brundle voudrait celle de sa bien aimée, incapable d’imaginer pouvoir l’aimer avec son apparence atroce. Dans le rôle principal, Jeff Goldblum livre une prestation très forte, non dénuée d’humour et de pathétique. Face à lui, sa partenaire Geena Davis allie charme et assurance, mais sa vulnérabilité nous touche aussi. Assorti d’une musique très réussie d’Howard Shore, amplifiant l’angoisse à bon escient, ce film de Cronenberg est probablement son meilleur opus à tous points de vue. Et continue encore à bénéficier d’un culte justifié.
ANNEE DE PRODUCTION 1986.