Maiwenn, réalisatrice peu expérimentée, décide de tourner un reportage sur le métier d’actrice afin d’en révéler la vérité la plus intime. Son compagnon, un célèbre rappeur, est opposé au projet, tandis que le producteur rechigne à le financer…
Juste après le choc de son premier long métrage Pardonnez moi, où elle réglait ses comptes avec les maltraitances subies par son père dans son enfance, Maiwenn, actrice et réalisatrice, remet sa caméra en route pour accoucher de son second opus, cette fois centré sur le métier tout à fait à part de comédienne. Elle nous fait le vieux coup du « film dans le film », brouille les frontières entre réalité et fiction, et approche des actrices (pour la plupart connues et reconnues) afin de souligner leurs faiblesses, leur egos blessés, leurs face cachées, et nous les rend très humaines. Distrayant, drôle, piquant, son récit navigue entre une écriture pensée et une sorte d’improvisation qui n’en a pas l’air, recueillant les confidences de ses « collègues » sur leur rapport à l’image, la notoriété, le manque de rôles, l’ambition affichée ou refoulée, etc… Maiwenn filme au passage sa propre vie, en donnant un rôle à JoeyStarr, alors son compagnon à la ville, et délivrant mine de rien ses états d’âmes et ses réflexions sur les actrices qu’elle embarque dans l’aventure. Elle a ajouté des intermèdes musicaux où chacune d’elles s’amuse à s’autoparodier ou à pousser la chansonnette, sans se prendre au sérieux: histoire de mettre une pointe de légèreté dans le propos. Avec un aspect un peu « bricolé », caméra à la main, Le Bal des Actrices montre (un peu) l’envers du décor, sans méchanceté, avec humour, et quelques pointes de cynisme aussi.
Maiwenn a réussi à réunir une belle bande de femmes incroyables et se sert de leur personnalité pour agrémenter des séquences sur les désillusions et les bonheurs de ce métier atypique. Ainsi, Karin Viard joue la « star inaccessible » et hautaine avec jubilation, Marina Fois subit l’affront de devoir passer des essais et se bourre de botox pour correspondre à l’image attendue, Charlotte Rampling résiste à accepter l’exercice avec classe, Jeanne Balibar se moque de son image intello et irradie, Mélanie Doutey part adopter un bébé en Inde par lassitude passagère de jouer, Muriel Robin s’engueule avec Jacques Weber sur une pièce de théâtre dans laquelle ils sont censés se donner la réplique, Karole Rocher doit faire la serveuse dans des bars pour payer des cours de comédie humiliants. Enfin, mention excellente pour Romane Bohringer, désespérée de ne plus recevoir de personnages à la mesure de son talent et rappelant combien sa désertion du cinéma français est injuste. Bref du beau monde, offrant du glamour, des larmes, des tripes dans ce « faux documentaire » à la fois perfide et réjouissant.
ANNEE DE PRODUCTION 2009.