Par jeu et surtout par désespoir, Walter, en dépression depuis des années, décide de communiquer par l’intermédiaire d’une marionnette de castor trouvée par hasard et ainsi réussir à extérioriser les choses qu’il n’ose pas dire à sa femme et ses enfants. Peu à peu, Walter se rend compte qu’il ne peut plus vivre sans cet artifice. Meredith, sa femme, pense qu’il a besoin d’une sérieuse aide médicale…
Pour sa troisième fois derrière la caméra, l’actrice Jodie Foster reste encore hors des sentiers battus avec ce drame psychologique plutôt inattendu. En effet, il fallait inventer cette histoire d’un père de famille dépressif trouver « son salut » grâce à une vulgaire marionnette dont il se sert tel un ventriloque pour parvenir à exprimer ses sentiments et son mal être. Ce castor en peluche devient alors le point central du film, personnage à part entière d’un scénario risqué que l’on pourrait prendre plaisantin ou comique au premier abord. Il s’agit pourtant bien du portrait d’un quinquagénaire en grande souffrance, incapable d’assurer sa profession de directeur d’entreprise et surtout dans une impasse avec son épouse qui ne sait plus comment le sortir du trou. Jodie Foster ne déborde pas d’idées de mise en scène, se rattrape davantage avec les parties dialoguées où elle fait poindre une amertume pointue et un désespoir abyssal. En tout cas du point de vue de Walter, son héros principal. Le film pose un regard compatissant sur un des maux de notre époque: la dépression, sans la juger ni la diaboliser, comme elle l’avait fait avec les enfants surdoués dans Le Petit Homme. Elle tente par ci par là d’inclure des instants de comédie, ce qui déséquilibre d’ailleurs son propos psychanalytique. La dernière partie convainc moins par l’optimisme un peu trop « hollywoodien » qui voudrait faire croire que la maladie mentale se règle aussi facilement.
Persona non grata du cinéma américain depuis ses déclarations radicales, l’ex star de Mad Max, Mel Gibson, très ami avec Foster, est en charge d’assurer ce rôle délicat qu’il tient, force est de le reconnaitre, bravement. Il trouve le juste équilibre pour ne pas tomber dans la caricature du type au bout du rouleau et par le biais de son « allié peluche », il réussit même à émouvoir. Jodie, quant à elle, incarne l’épouse désemparée, patiente, puis excédée, toujours au point dans ses facultés d’actrice dramatique. Pour original qu’il apparaisse, ce Complexe du Castor ne peut s’empêcher de flirter avec la mièvrerie lorsqu’il aborde le thème rabattu de la résilience. Un film bancal à voir tout de même.
ANNEE DE PRODUCTION 2011.