LE FESTIN NU

New York, 1953. Ecrivain, William Lee est aussi un junkie réduit à gagner sa vie en exterminant des cafards. Victime d’hallucinations à cause des multiples drogues qu’il ingère, il ne parvient plus à écrire: une étrange créature, le Mungwump, lui dicte son comportement. Dès lors, il tue accidentellement sa femme,  et fuit en Afrique du Nord…

Réputé très longtemps inadaptable, le roman éponyme de l’écrivain William S. Burroughs a finalement trouvé avec le style et l’univers de David Cronenberg une matière possible pour naitre en images. Le Festin Nu se place sans nul doute parmi les oeuvres les plus déroutantes du cinéaste, par son incessant mélange de cauchemar, d’hallucinations, de fantasmes et de réalité. Son héros, un écrivain frustré constamment sous l’emprise de drogues, se triture tellement les méninges qu’il en résulte une sorte de bouillie mentale, parasitant sa créativité. Cronenberg s’éclate avec ce délire visuel où les machines à écrire prennent l’aspect d’énormes cafards gluants et dotés de parole, et il peut traiter des thèmes qui lui sont chers: l’organique, la frustration, l’obsession, l’étrange afin d’accoucher d’une métaphore sur le besoin vital d’écrire. A la fois original, trash, hyper complexe et parfois à la limite de l’incompréhensible, son scénario nécessite de laisser toute rationalité de côté, de mettre la logique au placard et de se laisser guider par ce récit hallucinogène. Toute la partie se déroulant dans l’Interzone, situé en Afrique du Nord, brouille encore davantage les pistes, l’écrivain ne parvient pas mieux à synthétiser ses pensées et à livrer un manuscrit, l’embouteillage des mots se mêlant à son incapacité à assumer ses addictions et une homosexualité refoulée. L’auteur de La Mouche semble obnubilé par les insectes, très présents, par leur envahissement ils perturbent d’autant plus l’esprit déjà dérangé de cet homme en quête de lui même.

Dans ce dérèglement systématique des sens, le spectateur peut tenter de se raccrocher aux acteurs: Peter Weller, alias Robocop, tient le rôle central avec son visage tout en même temps impassible, dur, insondable. Judy Davis, Julian Sands, Ian Holm et Roy Schneider complètent la distribution. Il n’est pas exagéré d’affirmer que Le Festin Nu, baignant dans un surréalisme prononcé, laissera une bonne partie du public totalement perplexe et perdu. Il suffira à ceux qui adulent la singularité du cinéma de Cronenberg de suivre ce foutoir inventif, comme des « prisonniers consentants » d’un labyrinthe sinueux. En tout cas, être dans un « état second » constituerait la meilleure option pour y adhérer.

ANNEE DE PRODUCTION 1991.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Cronenberg adapte avec son sens de l'outrance et de l'étrange le roman de Burroughs. Mise en scène originale et trouvailles visuelles déroutantes, mais le script flirte avec la confusion mentale de son héros, campé par Peter Weller.

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