A Nice, le temps d’un héritage compliqué dont l’enjeu central est le cabaret local « Le Perroquet Bleu », les membres d’une famille éclatée se retrouvent malgré eux…
Les histoires de famille fourmillent dans le cinéma français et sont souvent l’occasion de trousser des comédies réjouissantes sur les secrets enfouis, les jalousies mal digérées, les mesquineries entre des êtres unis par le sang et qui, pourtant, ne parviennent pas à se supporter, et puis tout de même l’émergence d’un peu d’amour dans un océan de reproches surgit par ci par là. C’est bien connu le linge sale ressort surtout après un décès, quand le temps de l’héritage survient et qu’il fracture encore un peu plus des rapports humains déjà difficiles. Ancien journaliste du magazine Studio, Thierry Klifa, signe là son second long métrage, de nouveau associé avec le scénariste Christopher Thompson. Leur but? Livrer un film choral, populaire, grand public, s’autorisant romanesque, intrigues amoureuses, personnages multiples. Dans ce sens là, Le Héros de la Famille nous invite avec générosité dans cette famille « recomposée » et surtout décomposée avec son lot de règlements de comptes, de vacheries, de cachotteries, distillées à coups de dialogues aussi rapides que percutants. Klifa néglige sa mise en scène, qu’il fait passer au second plan, au bénéfice du récit, certes un peu convenu mais que l’on prend plaisir à suivre, car entre deux rires, l’émotion se profile et ne perd pas son cap: la distraction rythmée. Klifa adore traiter des relations sentimentales (propos ô combien universel) et par le biais des aveux et désaveux de ses protagonistes, la comédie prend des airs nostalgiques, où le désuet n’a rien de désagréable, au contraire! Toutefois, soyons honnêtes, le véritable cadeau se trouve quasi intégralement dans le casting étincelant!
Ca tombe bien, Thierry Klifa connait, aime, transcende les acteurs et leur écrit des rôles souvent sur mesure, jouant parfois avec la richesse de leur « passé » dans le métier et s’amuse avec des clins d’oeil cinéphiles. Gérard Lanvin campe un artiste un peu has been, Claude Brasseur le proprio du cabaret pour qui tout ce petit monde se déchire, et autour d’eux, des femmes et pas n’importe lesquelles! Catherine Deneuve déballe sûrement les meilleures réparties du film, sublime vipère pleine de confiance en elle (avec son débit mitraillette savoureux), Miou Miou, sa supposée rivale, rappelle combien elle est indispensable dans les rôles tragi comiques, Emmanuelle Béart incarne une chanteuse glamour tout à fait charmante avec un joli filet de voix, Géraldine Pailhas écope du rôle de la fille cassante, énergique qui n’a pas sa langue dans sa poche et enfin Valérie Lemercier fait des entrechats entre deux plaisanteries en meneuse de revue. Le plaisir réel à voir cette distribution briller justifie largement la vision de cette oeuvre sur la transmission et sur les liens délicats entre parents et enfants.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.