Thérése, une parisienne d’environ quarante ans, dont le mari est emprisonné en Allemagne, fait partie d’un réseau de résistance, en pleine Occupation. Un soir, elle héberge un pilote américain, recherché par la Gestapo, le cache, puis l’aide à rejoindre l’Espagne, en partant avec lui en train vers Toulouse. Ils tombent amoureux, mais leur romance va être mise à mal par les événements autour d’eux…
En pleine année 1944, cette aventure périlleuse entre une bourgeoise parisienne et un pilote américain, recherché par les nazis, est orchestrée par René Clément, auréolé de son succès de Plein Soleil. Réalisé avec soin et application, ce drame de guerre se penche sur la destinée de ce couple se formant malgré les obstacles de l’Occupation, les dangers qu’elle représente, dans un noir et blanc admirable et une reconstitution tout à fait remarquable. A la fois film d’action et histoire romantique, Le Jour et l’Heure plonge dans l’époque sombre de la collaboration et surtout ici de la résistance, avec son lot de lâches et de parfaites ordures. L’héroine, une femme ordinaire et sans envergure au début, apprend le patriotisme, le courage et brave les pires situations pour l’homme dont elle tombe amoureuse et qu’elle veut sauver, au péril de sa propre vie. Le long passage tourné dans un train, lors d’un voyage Paris Toulouse, plein de tension et de suspense, prouve la maitrise de la mise en scène de Clément, aussi doué pour filmer les visages, l’inquiétude sourde que pour donner une dimension très humaine à son propos.
Moins de vingt ans après la fin du conflit mondial, il n’hésite pas à pointer du doigt les autorités françaises qui se sont rangées du côté de l’ennemi, ont commis autant d’atrocités et d’exécutions sommaires que les Allemands eux mêmes. La torture et la violence psychologique sont plutôt hors champ assez volontairement (si l’on excepte une séquence marquante d’interrogatoire). La distribution achève de faire de cette oeuvre du très bel ouvrage: Simone Signoret, entièrement investie dans un rôle qui lui ressemble et dont les convictions étaient largement les siennes, à la ville. Son partenaire Stuart Whitman se défend bien aussi, sans devenir un simple faire valoir de l’actrice. Dans des plus petits emplois, on retrouve Michel Piccoli, Geneviève Page et Pierre Dux, en inspecteur de police odieux et retournant bien sa veste. Du cinéma français solide.
ANNEE DE PRODUCTION 1963.