Karen Stone est une riche et belle actrice de théâtre. Alors qu’elle approche de la cinquantaine, elle perd brutalement son mari. Veuve, elle tente de refaire sa vie à Rome, dans une luxueuse villa. De son balcon, elle voit défiler les rencontres amoureuses, tout en attendant son heure. Elle s’éprend bientôt de Paolo, un jeune italien à la beauté époustouflante. Il la courtise, mais elle comprend vite que c’est un gigolo… et a l’imprudence d’en tomber amoureuse…
Onze ans après Un Tramway nommé Désir, écrit aussi par Tennessee Williams, voici une pièce du dramaturge à nouveau adapté au cinéma. Le roman intitulé Le Printemps romain de Miss Stone se voit porté à l’écran par un des vétérans de Broadway, José Quintero. Au demeurant, un excellent metteur en scène de… théâtre, mais certainement pas de cinéma! Sa réalisation figée et simplement décorative ne semble jamais trouver sa voie, engoncée dans un texte certes beau, mais qui est devenu un scénario ampoulé et pompeux. Ce récit d’une femme prématurément vieillie, sentant son talent de comédienne décliner, et décidant de tout plaquer pour vivre une romance avec un jeune gigolo de presque trente ans de moins qu’elle, ne manque certes pas de piquant sur le papier, mais tellement sagement raconté qu’il ne reste rien ou presque de l’aspect sulfureux qu’en donnait Williams. On assiste plutôt à un drame suranné, démodé et dont le principal intérêt demeure son casting.
Quintero a confié le rôle de cette femme à la dérive (elle répète tout au long du film qu’elle se sent partir en morceaux) à une immense dame, Vivien Leigh. La tragédienne aux deux Oscars n’a plus l’apparence de Scarlett O’Hara, 25 ans se sont écoulés, et sa composition sublime fait écho à sa propre destinée d’actrice, en panne de succès et de beaux rôles. Celui ci est un cadeau et elle y excelle, rappelant par moments les fulgurances dont elle était coutumière lorsqu’elle jouait Blanche Dubois pour Kazan. Elle donne la réplique au tout jeune et magnifique Warren Beatty, fraîchement sorti de La Fièvre dans le sang, charmant même si son accent italien frise un peu la caricature. Pas un très bon film donc, mais ici ou là, un désespoir touchant se profile, cette héroïne aux yeux tristes capte notre attention malgré tout, dans cet océan de névroses qu’elle traverse. Névrose d’amour, d’abandon… Un maitre, comme Huston ou Kazan justement, aurait pu rendre ça bien plus intense et déchirant!
ANNEE DE PRODUCTION 1961.