La soprano américano grecque Maria Callas se retire à Paris après une vie glamour, faite de succès et marqué par son exceptionnelle voix. Une voix qui commence à lui faire défaut dans ses derniers jours et la Diva s’interroge sur son passé, son identité profonde et son déclin…
Après Jackie Kennedy et Lady Diana, le réalisateur chilien Pablo Larrain poursuit son exploration des grandes figures féminines du siècle passé avec ce portrait de la cantatrice Maria Callas. Le démarrage du film fait d’abord craindre le pire avec l’aspect lisse de la mise en scène et le côté funèbre accentué par le décor de l’appartement de l’artiste, ressemblant à un mausolée sinistre. Puis, au bout de vingt minutes, le récit prend de l’envol grâce à d’élégants flash backs relatant les grandes lignes de cette vie tragique faite de sacrifices, de manque d’amour, de passion (sa romance forte avec Onassis) puis de trahison. Maria devient alors un opéra visuel émouvant et bien sûr sonore puisque la bande son reprend les airs les plus extraordinaires comme Carmen, Norma, La Traviata, etc… Larrain cède par moments à une cinégénie un peu trop « propre », avec une photographie signée Ed Lachman très léchée, soutenant le lyrisme recherché. Du point de vue du scénario, il tend à explorer à travers de courtes séquences la jeunesse de Callas, puis la rencontre avec Onassis, puis ses premiers soucis de santé avant sa réclusion parisienne Avenue George Mandel. Avec pertinence, la narration interroge sur l’aliénation de la célébrité et la dissociation de l’identité: à quel moment Maria n’était plus que La Callas et à quel autre la femme reprenait ses droits sur l’artiste immense qu’elle était?
Dans le rôle titre, c’est le retour en force, après trois ans d’absence, d’Angelina Jolie. L’actrice s’empare du personnage le plus « touffu » de sa carrière et s’en sort très honorablement avec des cours de chant, de tenue physique, de lâcher prise. Sa composition sent un peu la « performance » et ne fait pas oublier celle de Fanny Ardant qui donnait plus de chair à la Diva. Mais le film de Zeffirelli (Callas Forever) était largement moins inspiré et soigné que celui ci. Pas vraiment un biopic au sens classique, Maria s’impose davantage comme une introspection intime et quasi psychanalytique de celle qui fut surnommée « La Voix du Siècle ». Et Larrain restitue à la fois son humanité, ses blessures, sa déchirante quête de bonheur.
ANNEE DE PRODUCTION 2025.