1915. Sarah Bernhardt est la première star mondiale. Libre, moderne, excentrique, cette légende du théâtre raconte l’histoire d’amour qui a marqué toute sa vie…
Il s’agit du premier biopic réalisé par Guillaume Nicloux sur un personnage connu et pas des moindres! Sarah Bernhardt, la plus grande actrice de son temps, nous apparait dans cette évocation très honnête comme un personnage hors du commun, éprise de liberté, bisexuelle affirmée, passionnée des autres et d’elle même, capricieuse et incroyable. Nicloux nous évite judicieusement l’écueil linéaire de la biographie partant de la naissance à la mort et se concentre surtout sur trois périodes clefs: en 1885, lorsque Sarah rencontre l’homme de sa vie, l’auteur Lucien Guitry avec qui elle entame une histoire d’amour totale, en 1896 lorsque leurs chemins se séparent douloureusement, puis en 1916 quand elle subit l’amputation de sa jambe malade (ce qui d’ailleurs ne l’empêchera pas de continuer à jouer malgré tout jusqu’à sa mort en 1923). Le film se focalise bien sûr sur le caractère entier, parfois insupportable, et bigrement attachant de la Dame et sur ce grand amour avec Guitry (père) qui fut à la fois sa force et sa plus grande « faiblesse ». On croise évidemment au passage d’illustres personnages de l’époque, comme Edmond Rostand, Emile Zola ou Sigmund Freud. Le scénario met en avant l’énergie permanente de l’actrice, l’exubérance de sa personnalité adepte de l’amour libre, affranchie et pourtant pêche sur un point important: jamais ou presque on ne la voit à l’oeuvre sur scène! Ce parti pris de Nicloux déçoit un peu, même si heureusement il éclaire autrement son héroïne. Sa mise en scène s’efface pour laisser le champ totalement libre à sa comédienne.
Sandrine Kiberlain relève le défi d’incarner Sarah Bernhardt avec toute la pétulance qu’on lui connait, son côté volcanique et drôle, déterminée à ne surtout pas l’imiter. Et quand elle souffre dans ses sentiments blessés et son abandon de femme, elle sait tout aussi bien trouver le ton juste pour émouvoir. A ses côtés, Laurent Lafitte joue Lucien Guitry avec un charme mêlé de virilité qu’imposait le rôle. Amira Casar campe son amie et amante Louise Abbéma, une peintre ayant connu une petite notoriété. Si dans le domaine du biopic, l’auteur de Valley Of Love ne révolutionne rien, il remet en lumière une femme en avance sur son temps dans ce film très agréable à suivre.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.