Evocation de la vie sentimentale de la vedette country américaine Patsy Cline, tragiquement disparue dans un accident d’avion en 1963.
Réalisateur et scénariste britannique surtout actif dans l’univers théâtral, Karel Reisz n’en a pas pour autant délaissé le cinéma. On se souvient de son très beau La Maitresse du lieutenant français ou de son portrait passionnant de la danseuse Isadora Duncan. Au milieu des années 80, alors que le biopic n’est pas du tout à la mode, il décide de raconter le destin tragique de la chanteuse de country Patsy Cline, morte à 30 ans à peine. Le film parcourt son existence souvent chaotique (abandon du père, grave accident de voiture, premier mariage raté, puis union tumultueuse avec Charlie Dick qui sera le père de ses enfants). Reisz nous replonge dans l’Amérique d’Eisenhower, en plein coeur de la Virginie, où est né Patsy et soigne sa reconstitution (beaux costumes, bagnoles rutilantes, coiffure mise en plis, etc…). Avec une jolie mise en scène, il nous rend attachant son héroïne, sans cesse battante face aux coups du sort, luttant pour mener de front à la fois son mariage avec un alcoolique aux tendances violentes et sa carrière encore hésitante. C’est le tube « Crazy » qui va la sacrer star du hit parade et faire monter sa côte. Sweet Dreams insiste beaucoup sur l’histoire d’amour entre Patsy et Dick, entre romantisme et accord physique parfait et puis le versant moins rose (les coups, les absences, le machisme). Les personnages parlent tous avec un accent Redneck prononcé et la belle évolue au milieu des bouseux et des saoulards.
Les deux autres points forts du métrage se trouvent dans la BO nous faisant redécouvrir les titres de la chanteuse à la carrière hélas éclair. Et grâce au jeu toujours merveilleux d’incarnation de Jessica Lange, ayant adopté le comportement scénique adéquat et se prêtant à un play back tout à fait réussi. Ed Harris campe son mari, un type pas antipathique qui l’aimait sûrement mais mal, et qui nous fait ressentir ses propres fêlures. Même s’il ne peut prétendre au titre de « grand film », Sweet Dreams s’impose en tout cas comme une oeuvre injustement oubliée qu’il convient de réévaluer.
ANNEE DE PRODUCTION 1985.