Le 30 Août 1997, la Princesse Lady Diana meurt tragiquement. Dans un premier temps bouleversés, les Britanniques se révoltent rapidement contre l’indifférence manifeste de la Reine. Drapée dans un silence distant, dicté par son éducation et son rang, elle se terre à Balmoral. Tony Blair, premier ministre fraichement élu, ressent l’onde de choc populaire que pourrait entrainer la chute de la Monarchie. Entre lui et La Reine, l’affrontement est inévitable…
Fin observateur des tourments de son pays et de son Histoire récente, le réalisateur anglais Stephen Frears s’empare d’un épisode crucial: le décès brutal de Lady Di et la réaction obstinément muette de la Monarchie vis à vis de celle qu’elle considérait si mal. Opposant l’attitude archaïque de la Reine Elisabeth au modernisme dynamique de Tony Blair, alors en poste de Premier Ministre, Frears fait le double portrait de deux mondes aux visions souvent antagoniques. Dans cette subtile réflexion sur l’exercice du pouvoir, le réalisateur nous fait entrer dans les coulisses secrètes de la famille royale, s’autorisant des pointes de comédie cynique, mettant à jour les aléas de la popularité et traduit bien le décalage entre le monde extérieur et le protocole rigide du Palais de Buckingham. Outre un scénario brillant aux dialogues étudiés, la mise en scène nous refait vivre les quelques jours suivant le décès de la Princesse de Galles à la fois grâce à des images d’archives mondialement connues et au savoir faire de Frears pour illustrer son propos avec tenue et émotion. Notamment dans la belle séquence où la Reine se retrouve seule, en pleine campagne anglaise, fend l’armure et éclate en sanglots avant de redevenir droite comme un I et s’émerveiller de l’apparition d’un cerf la scrutant avec intensité: un joli moment de cinéma qui résume la solitude des puissants au milieu du tumulte.
The Queen doit énormément à ses comédiens, de James Cromwell à Michael Sheen (impeccable en Tony Blair), mais c’est évidemment Helen Mirren, dont la ressemblance avec Elisabeth II est frappante, qui bluffe par son jeu hyper précis, rendu au détail près, incarnant son rôle de façon magistrale. Elle reçut en toute logique l’Oscar de la Meilleure Actrice et la Coupe Volpi à Venise. Entre comédie de moeurs délicieusement british et drame, cette oeuvre s’inscrit tout à fait dans une tendance du cinéma anglais contemporain à s’autoanalyser avec humour et sérieux, sans perdre de vue la carte du divertissement et sans verser dans la caricature gratuite.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.