Pendant la guerre du Vietnam, un agent de l’armée américaine, Willard, s’aventure jusqu’au Cambodge à la recherche d’un colonel tyran devenu fou, Kurtz. Kurtz fut autrefois un soldat modèle qui s’est converti peu à peu à la cause de l’ennemi…
Monumental, dantesque, fascinant: il n’y a pas de mots assez forts ni de qualificatifs suffisamment puissants pour décrire brièvement l’oeuvre la plus célèbre de Francis Ford Coppola. Adapté du roman de Joseph Conrad, Au coeur des ténèbres, Apocalypse Now est à la fois un voyage physique et spirituel articulé en douze séquences lyriques, violentes, d’une densité extrême et d’une beauté visionnaire inégalée, photographié par Vittorio Storaro, et multipliant les moments d’anthologie (le prologue avec le son des palles d’hélicoptères sur le titre des Doors This is the End, l’attaque du rafiot par les VietCongs, l’arrêt dans la plantation française, la découverte du sanctuaire de Kurtz et sa folie meurtrière, etc…). Coppola nous en met plein la vue et surtout capte l’inimaginable et indicible chaos de la guerre en train de se faire. Son goût du spectacle lui fut reproché (montrer une bataille sur l’air de la Chevauchée de Walkirie de Wagner donne à ce ballet aérien des allures d’opéra, mais un opéra de l’horreur) et il réveille bien sûr la mauvaise conscience du monde entier (pas seulement de l’Amérique) comme l’a fait presque simultanément Cimino avec Voyage au bout de l’enfer. Coppola a fait certes de l’esthétique avec l’épouvante et la terreur liées au conflit et délivre en prime un message ambigu, semblant nous dire que oui la guerre peut être « belle » à l’écran mais qu’elle ne l’est jamais dans la réalité. Le tournage cauchemardesque s’étendit sur près d’un an, des milliers de figurants, un montage compliqué, des conditions extrêmement hostiles n’ont pas freiné l’ambition démesurée de l’auteur du Parrain. Réflexion philosophique sur la folie des hommes, leur capacité à devenir des êtres barbares, à l’image du Colonel Kurtz, Apocalypse Now apparait comme un trip hallucinatoire déstabilisant.
Le casting se compose de jeunes premiers en devenir comme Lawrence Fishburne, Harrison Ford, Sam Bottoms, face à des pointures beaucoup plus « installées » telles Robert Duvall ou Martin Sheen incarnant un Willard mercenaire, froidement résolu à arriver au terme de sa mission. La star du film c’est Marlon Brando, à l’embonpoint déjà prononcé, qui n’a que vingt minutes de présence et qui ravage tout sur son passage en Kurtz pétri de contradictions (un poète autant qu’un tortionnaire, un tyran sanguinaire autant qu’un homme détruit de l’intérieur). Sa longue confession finale, filmée dans des contre jours magnifiques, a contribué à la légende de ce film hors normes. L’oeuvre définitive sur la guerre et ses horreurs. Palme d’Or à Cannes.
ANNEE DE PRODUCTION 1979.