Ann Talbot, avocate américaine, décide contre l’avis de son entourage de défendre son père, accusé d’être un ancien criminel nazi, sur la foi d’accusations qu’elle juge peu sérieuses…
Avec un sens de l’engagement sans cesse démontré, le cinéaste Constantin Costa Gavras a d’abord oeuvré en France et marqué l’opinion publique avec des oeuvres comme L’Aveu ou Z, puis s’est décidé à exporter son cinéma aux Etats Unis. Ainsi, après Missing et La Main Droite du Diable, il signe Music Box, où il peut mêler à la fois la réflexion politique qui le passionne tant et le drame intime. De façon remarquable, il combine une dénonciation contre les crimes de guerre impunis et le portrait d’une femme de convictions emportée dans un combat personnel pour innocenter son propre père. Un scénario d’une redoutable efficacité où il n’est pas seulement question de procès, mais bien de sonder le doute, l’impensable, de faire resurgir un passé douloureux pour lutter contre l’oubli. Le récit de Gavras pose des questions de fond pertinentes: peut on étre une ordure et un bon père de famille ? Les liens du sang sont ils plus forts que le sang versé comme l’énonce une des répliques du film. Le réalisateur sème subtilement le doute, évite à tout prix le manichéisme simpliste , tout en ayant recours à un romanesque malgré tout totalement plausible et terrible.
Dans un de ses rôles les plus poignants, Jessica Lange incarne cette avocate pugnace avec intensité, ajoutant de belles nuances dans son jeu pour signifier son trouble et surtout l’effritement progressif de ses certitudes. Face a elle, en père clamant son innocence, l’acteur allemand Armin Muller Stalh compose son personnage avec une grande maîtrise, passant de la froideur à l’emportement. Music Box maintient son suspense jusqu’au bout, avec une force tranquille et nous embarque sans nous lâcher. Un Ours d’Or à Berlin consacra très justement cette oeuvre d’un haut niveau dans la carrière de Costa Gavras.
ANNEE DE PRODUCTION 1989.
