La Pucelle d’Orléans a connu multiples incarnations depuis les débuts du cinéma il y a 125 ans. Les plus fameuses restant les versions de Victor Fleming, Otto Preminger et Carl Theodore Dreyer. L’enfant terrible de la décennie 80, Luc Besson, auteur de Nikita et Le Grand Bleu, que l’on ne présente plus, s’est attelé à son tour au sujet pour en donner une vision toute personnelle. Ne lésinant pas sur les moyens (le budget a été un des plus conséquents de la Gaumont), il met le paquet visuellement et offre des séquences de bataille très réalistes et maîtrisées, tout en racontant le cheminement intérieur de Jeanne, ses doutes, ses croyances tenaces et son indéfectible courage.
Le personnage est présenté d’abord comme une paysanne pieuse et un poil illuminée, puis conquérante et guerrière héroique au milieu de ses hommes, et enfin jugée comme hérétique. Abandonnée de Dieu et de son Roi, elle périt sur le bûcher car en aucun cas, elle ne peut se renier et revenir sur ses convictions. Tout n’est pas réussi dans cette évocation, Besson prenant des libertés avec l’Histoire dans le but d’aller au coeur de la dramaturgie. Pour démontrer quel destin incroyable cette toute jeune fille a connu. Il utilise pour symboliser ses visions notamment d’effets visuels assez moches et décalés qui ne sont pas très heureux, mais se rattrape heureusement sur le portrait de Jeanne. Il est grandement aidé en cela par son actrice Milla Jovovich qui démontre un talent impressionnant et une rage que ce rôle difficile exigeait.
Le reste du casting est au diapason. Besson a pris des pointures et ils sont tous dignes d’éloges. De John Malkovich en roi Charles VII qui est parfait à Faye Dunaway , une intense Yolande d’Aragon, en passant par Dustin Hoffman qui joue la conscience de Jeanne ou Vincent Cassel en Gilles de Rais goguenard et cynique. Grâce à une mise en scène énergique et au renfort de tous ces comédiens de renom, cette Jeanne D’Arc là a trouvé son public, à défaut d’avoir contenté tous les Historiens.
ANNEE DE PRODUCTION 1999.