LA TETE HAUTE

Mallony, 15 ans, à qui sa trop jeune mère, irresponsable et droguée, n’assure pas un cadre affectif et éducatif satisfaisant se voit placé par la juge des enfants dans plusieurs établissements de plus en plus difficiles. Canaliser sa violence semble impossible, malgré la présence de son éducateur qui fait tout pour l’aider…

Actrice réalisatrice, Emmanuelle Bercot, forte personnalité, fait des films qui lui ressemblent. La Tête Haute ne déroge pas à cette règle avec sa façon énergique d’empoigner le problème de la délinquance juvénile et de ses dérives dans une société où ne pas respecter ses lois revient à s’écarter du droit chemin. Avec une intention quasi documentaire, elle injecte de la fiction romanesque fonctionnant d’emblée par le portrait saisissant qu’elle trace de son tout jeune héros, Mallony, balotté d’institutions répressives à une mère instable, menacé sans cesse de finir en prison pour ses multiples délits. Bercot insiste sur la violence (par les mots, les gestes) que l’adolescent expulse littéralement de lui, souffrant évidemment d’un manque de cadre et surtout d’une stabilité émotionnelle, qu’il va finir par trouver en dehors de la cellule familiale. On est en plein drame social, humain, le scénario enfile des séquences d’une dureté extrême et le plus frappant, c’est que la réalisatrice filme son sujet non seulement de manière la plus juste possible, mais aussi sans jugement. Dans ce parcours de vie compliqué et semé d’embûches, les mains tendues (pour reprendre une expression que l’on entend à deux reprises) viennent aussi bien de l’éducateur (lui même ancien délinquant désormais rangé) que de la juge à la fois compréhensive et répressive. Avec un regard sans concessions et surtout d’un réalisme impressionnant, La Tête Haute rappelle par sa vérité le Polisse de Maiwenn dans lequel jouait justement Bercot.

Il faut dire qu’elle est servie par une interprétation de tout premier ordre: la révélation étant Rod Paradot, vibrant et quasiment de tous les plans, face à Catherine Deneuve en juge dont l’autorité cache mal sa profonde humanité (elle retrouve sa réalisatrice de Elle s’en va avec ce très beau rôle). Benoit Magimel campe l’éducateur résolu à aider ce gamin en perdition et livre une composition émouvante, tandis que Sara Forestier incarne la mère défaillante (affublé d’un dentier pas très heureux par contre). Cette oeuvre authentique, âpre aussi, se termine sur une note d’espoir et d’apaisement, mais après nous avoir mis une sacrée claque.

ANNEE DE PRODUCTION 2015.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un sujet fort, une réalisation aussi sèche que très documentée. Emmanuelle Bercot réussit un film dur et émouvant, remarquablement interprété. Rod Paradot très jolie révélation et Deneuve impeccable dans un de ses plus beaux rôles depuis des lustres.

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