Franck Pierce sillonne tous les soirs au volant de son ambulance les rues de New York les plus mal famées. Il opère dans l’urgence, harassé de boulot. Hanté par toutes les vies qu’il n’a pas pu sauver. Au bout du rouleau, il est parfois tenté de se droguer ou de boire pour tenir le coup, rendre sa tâche plus « supportable ». Un soir, il rencontre Mary, la fille d’un homme qu’il a sauvé in extremis d’un infarctus…
Comme avec Taxi Driver jadis, Martin Scorsese plonge dans les bas fonds de New York, révélant le côté crasseux, sordide de cette ville qu’il adore filmer et cette fois à travers le regard d’un ambulancier sous pression, miné par la charge de travail et surtout dans l’obsession maladive des personnes qu’il n’a pas réussi à soigner et qu’il a vu mourir sous ses yeux. La violence frontale et physique de Taxi Driver est remplacée par une violence psychologique, mentale, une descente aux enfers moins palpable que le titre A Tombeau Ouvert explicite très nettement. La réalisation est « punchy », énergique, la quasi intégralité de l’action se déroulant de nuit, assombrissant encore plus le propos. Scorsese cède toutefois à des travers qui lui étaient étrangers jusqu’alors: la complaisance avec laquelle il souligne le mal être de son personnage principal, le traumatisme ressenti qui nous est présenté à de multiples reprises sur la mort d’une jeune SDF apparait comme répétitif et du coup moins émouvant, le récit tournant presque à vide et s’étirant sur près de deux heures qu’un montage plus adroit aurait dû raisonnablement élaguer. Le film captive moins à partir du moment où Franck tombe dans son penchant pour les substances provoquant ses trips visuels et son rapport biaisé à la réalité. Scénarisé par Paul Schrader, l’intrigue redouble de noirceur et de glauque, alors même qu’avec un brin de subtilité, Scorsese n’aurait pas été perdant, au contraire!
En ambulancier épuisé, Nicolas Cage peut cabotiner à loisir, comme il aime si souvent le faire et le réalisateur de Casino ne semble pas l’avoir brider, malheureusement. Ses acolytes joués par John Goodman, Ving Rhames, Tom Sizemore en font aussi des caisses, sans se soucier de nuances. Seule Patricia Arquette apporte une humanité profonde à son personnage, une véritable substance à son jeu contenu et poignant. Un sentiment de cauchemar rébarbatif perdure après la projection, comme si nous étions perpétuellement enfermé dans cette ambulance lancée à vive allure et que nous n’avions jamais la possibilité d’en sortir. C’était peut être le but recherché par Scorsese, en tout cas cela aboutit à un film fatiguant et lassant.
ANNEE DE PRODUCTION 2000.