Laurent, un commandant de gendarmerie à Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne depuis dix ans. Ils ont une fille surnommée Poulette. Il aime son métier et s’implique énormément, et malgré un quotidien difficile où il côtoie la misère sociale, il se donne pleinement. Un jour, en voulant éviter à un agriculteur au bout du rouleau de se suicider, il fait usage de son arme et le tue accidentellement. Dès lors, sa vie va basculer.
Après le milieu des policiers parisiens remarquablement dépeint dans Le Petit Lieutenant, Xavier Beauvois se penche cette fois sur celui d’une brigade de gendarmerie de bord de mer, confrontée à des situations compliquées à gérer. Cette immersion totale, à travers le portrait d’un homme impliqué et droit dans son métier (son héros principal, un gendarme de 35 ans, père de famille), emmène le spectateur au coeur d’une profession soumise à de terribles détresses humaines. Le scénario suit son cours assez tranquille durant une première heure, où l’on sent poindre le drame, puis vire vers les conséquences mentales d’une tragédie, ainsi que ses dommages collatéraux, dans sa seconde partie, plus mélo du coup. Beauvois a le sens de la narration et sait apporter du lyrisme et du souffle à ses images par ailleurs très soignées. Presque de manière documentaire, il décrit la cruauté du monde rural, avec ses paysans aux abois et mal considérés, mais aussi l’impuissance des gendarmes à régler tous les problèmes et pouvant eux aussi commettre des erreurs gravissimes.
Beauvois choisit plutôt l’axe du récit intime ensuite, en se concentrant sur son héros blessé, dévasté par le geste fatal qui lui fait tout perdre. Du coup, il fait prendre le large (au sens propre comme au sens figuré) et traite des effets directs d’un traumatisme sur une vie. Jérémie Rénier incarne cet homme rongé par la culpabilité avec une belle justesse, sans faire d’ombre à ses partenaires Marie Julie Maille (qui joue sa future femme) et le jeune Victor Belmondo (petit fils de). Cette réflexion sur la force et le courage de se relever d’un drame écrasant crée une émotion palpable jusqu’au bout, et ce malgré des moments un peu trop contemplatifs, où la douleur muette du protagoniste nous serre le coeur.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.