Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’Avortement et de la contraception) pratiquant les avortements illégaux, aux yeux de tous. Accueillie par ce groupe, Annie va trouver dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l’avortement un nouveau sens à sa vie.
On sait tous combien la Loi Veil légalisant l’avortement a bouleversé et changé la société française, permettant à des millions de femmes de disposer de leur corps comme bon leur semble. Ce que l’on connait moins ce sont toutes les luttes menées avant cette date de 1975 par le mouvement pour la liberté de l’Avortement et de la contraception, la solidarité et l’aide précieuse qu’il contribua à établir pour que des grossesses non désirées soient prises en charge dans une ambiance empathique, respectueuse et même tendre. La réalisatrice Blandine Lenoir met ainsi en lumière cette histoire avec beaucoup d’humanité, assumant même son point de vue didactique sur la question, expliquant le cheminement fastidieux de ce groupe de femmes unies dans leur combat et signe un film nécessaire sur une époque dans laquelle elles cherchaient à faire valoir le droit à s’affirmer, en dehors de la sphère du mariage et des traditions. Son héroïne, Annie, s’ouvre au monde grâce à cette sororité exemplaire qu’elle partage, apprend à découvrir aussi son corps et se rend également compte qu’elle peut avoir un rôle politique fort. Blandine Lenoir fait sortir de l’invisibilité ce mouvement courageux par le biais d’un scénario très émouvant, alliant la petite histoire et la Grande, avec en prime une jolie reconstitution de ces années 70, à l’aube d’un changement majeur.
Film militant à l’heure où certains pays remettent en cause ce droit fondamental, il baigne dans une atmosphère d’action collective superbement rendue, avec ses joies, ses peines, ses découragements, sans jamais tomber dans l’écueil du larmoyant facile. On doit cette grande dignité et ce souffle de vie à l’ensemble du casting féminin (Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley, Pascale Arbillot, etc…), dominé par une sacrée Laure Calamy, en tête de tous les plans et magistrale de précision dans son jeu. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Annie Colère est un film à ne rater sous aucun prétexte.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.