CARRINGTON

En 1915, en Angleterre, chez des amis, l’écrivain homosexuel Lytton Strachey rencontre une jeune artiste peintre, Dora Carrington. C’est le début d’une histoire d’amour platonique entre lui, notoirement anticonformiste et elle, peu attirée par les relations physiques. Leur étrange passion ne va pas les empêcher d’avoir des amants ou des maitresses, mais leur lien reste pendant 17 ans, unique et invincible…

Scénariste et dramaturge de théâtre, l’anglais Christopher Hampton fait ses premières armes derrière une caméra avec ce film bouleversant. Carrington relate donc l’amour platonique entre l’écrivain gay Lytton Strachey et la jeune peintre aux allures de garçon manqué Dora Carrington, sur fond de guerre mondiale, mais pas seulement! Il nous replonge dans l’époque des intellectuels et artistes brillants composant le cercle de Virginia Woolf, montre combien en Angleterre des voix s’élevaient pour bousculer la morale et les convenances souvent idiotes. A travers la littérature et la peinture, Strachey et Carrington obtenaient leur liberté, ne se laissant guider par aucune contrainte, ne suivant que leurs désirs et leurs convictions. Hampton radiographie surtout les tourments liés aux sentiments: qu’ils soient partagés ou non, qu’ils mêlent à la fois l’admiration et l’attirance, l’affection ou le sexe, et propose un superbe kaléidoscope de toutes les relations possibles et impossibles avec une acuité remarquable. Doté d’une finesse d’écriture et d’une observation aigue sur les êtres, Carrington jongle entre l’humour british et le tragique shakespearien et le jeune réalisateur capture subtilement l’essence même de cette passion absolue entre ces deux artistes que rien ne prédestinait à unir. La photographie signée Denis Lenoir rend justice aux cottages anglais apaisants et les restitue dans des plans de toute beauté, tels des tableaux de maitre. Enfin, la musique du compositeur Michael Nyman (La Leçon de Piano) enveloppe le tout d’un lyrisme déchirant.

Les partitions des comédiens aussi atteignent un degré d’excellence tout à fait exceptionnel. En écrivain spirituel homosexuel assumé, Jonathan Pryce est délicieusement employé, enrichissant son jeu de nuances presque invisibles. Récompensé par un prix du meilleur acteur à Cannes. Après ses deux sublimes rôles chez Ivory (Howard’s End et Les Vestiges du Jour), Emma Thompson accomplit là un travail d’interprétation d’une rare justesse, consumée d’amour total, passant de la frigidité à une sexualité débordante, toujours entièrement intègre dans son dévouement. Leurs partenaires (Steven Waddington, Rufus Sewell, Jeremy Northam) savent également exister au milieu de ce tandem diablement charismatique. Carrington traduit avec une infinie sensibilité la fusion de deux coeurs, le bonheur et la douleur d’aimer. A en mourir s’il le faut. Un film absolument magnifique.

ANNEE DE PRODUCTION 1995.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une oeuvre admirable à tous points de vue: récit très émouvant, mise en scène délicate, musique et photographie fascinantes. Jonathan Pryce et encore plus Emma Thompson touchés par le génie.

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