Leca, un truand qui se prétend « gentilhomme » rencontre dans une guiguette des bords de Marne, Marie dite « Casque d’Or ». Celle ci est la « régulière » de Roland, un proxénète jaloux et arrogant qui la malmène. Marie est invitée a danser une valse avec Manda, un ancien voyou devenu menuisier. C’est tout de suite l’amour fou entre eux…
Auteur de Falbalas et de Touchez pas au grisbi, Jacques Becker s’appuie sur un fait divers survenu au début du siècle pour construire la trame de Casque d’Or. Situé à l’époque bénie des apaches, des guinguettes et des repris de justice, le film draine une vérité historique immédiatement crédible avec ses images lumineuses de campagne ensoleillée et ses ruelles sombres du Belleville populaire (bravo aux décors superbes de Jean d’Eaubonne) et le scénario, aussi simple qu’implacable, mélange la chronique sociale et la tragédie pure. Au milieu des proxénètes, des truands à la petite semaine et des filles de « mauvaise vie », la romance de Casque d’Or et de Manda fait figure de bonheur total hélas bien trop vite détruit par la fatalité et le destin. Becker traite avec une éclatante maitrise bon nombre de ses thèmes de prédilection (l’amitié, la fidélité, l’amour, la trahison), tout en donnant une épaisseur à ses personnages pittoresques dont on pourrait presque entendre le coeur battre. En une rixe mortelle, le film bascule vers la noirceur et rien ne peut faire cesser la tragédie qui s’annonce. Tout avait pourtant si bien commencé sur les notes gaies d’une valse entrainant les amants au coeur d’un bal populaire. La Belle Epoque comme si on y était! Les dialogues, soignés eux aussi, claquent autant que les paires de gifles que l’on s’octroie à tour de bras pour un oui ou pour un non.
Casque d’Or a acquis sa notoriété définitive grâce à sa vedette principale: Simone Signoret, foudroyante de beauté, impose sa présence hypnotique dans ce rôle de prostituée amoureuse, la faisant rentrer pour toujours dans la légende. Serge Reggiani incarne Manda, le voyou illuminé par sa belle, avec une conviction tenace et Claude Dauphin écope du rôle du salaud intégral avec une délectation visible. Enfin, que dire de ce final terrassant, où sur l’air du Temps des Cerises, Becker atteint au sublime, dans un lyrisme sec? Incompréhensible échec à sa sortie, le film fut heureusement réhabilité et se classe désormais parmi les oeuvres majeures de notre patrimoine.
ANNEE DE PRODUCTION 1952.