Deux musiciens au chômage, mêlés involontairement à un règlement de comptes entre gangsters, dans le Chicago de 1929, se transforment en musiciennes pour leur échapper. Ils partent en Floride avec un orchestre exclusivement féminin. Ils tombent illico amoureux de Sugar Kane, une créature blonde adorable, qui joue du ukulélé dans le groupe. Celle ci s’est mis en tête d’épouser un milliardaire…
Tant de raisons expliquent encore aujourd’hui le succès colossal remporté par ce film, devenu la comédie la plus commentée et la plus réussie du cinéma mondial. Au départ, il y a une volonté de faire un pastiche de films de gangsters, et puis l’idée géniale d’y inclure le travestissement des deux héros masculins, dans une époque où la censure guettait encore à Hollywood, s’est imposée et a fini par devenir l’argument principal d’un scénario brillamment écrit. La mise en scène de Billy Wilder, aussi savoureuse que dans ses précédents chefs d’oeuvres (Sunset Boulevard, Assurance sur la mort), est au service de dialogues désopilants et mythiques, jouant sur l’ambigüité sexuelle, les faux semblants et les quiproquos, le tout dans un rythme endiablé et d’une efficacité redoutable. On ne compte plus le nombre de séquences pétillantes qui s’enchainent pour le meilleur et pour le rire! Wilder donne aussi un rôle conséquent à la musique avec des morceaux de jazz, emballants et possédant un charme fou, n’ayant pas pris une ride.
L’autre immense apport au métrage réside évidemment dans le choix des acteurs: pour ce duo aussi complémentaire que parfaitement assorti, Tony Curtis et Jack Lemmon rivalisent de talent et de drôlerie et se sortent à merveille de leurs transformations, à l’aide de maquillages et de costumes, ancrés dans ces années folles de la prohibition. Face à eux, la bombe Marilyn Monroe, comme toujours délicieuse, incarne sûrement son rôle le plus célèbre et entonne « I Wanna Be Loved By You » avec sa voix acidulée et craquante. Le comique est d’autant plus merveilleux qu’il s’autorise une liberté de ton constante, gonflée pour un film de studio, d’ordinaire formaté. Ce jeu de dupes, d’une audace inédite jusque là, trouve son point d’orgue dans la séquence finale et sa répartie irrésistible: « Personne n’est parfait! ». Personne peut être, mais en terme cinématographique, Certains l’aiment chaud n’est rien moins que la perfection filmique.
ANNEE DE PRODUCTION 1959.