Gaetan le Sentencier, magistrat récemment à la retraite, a du mal à accepter d’abandonner ses fonctions. Parti pour une cure avec sa femme, il est contraint de faire une halte dans un hôtel pour y passer la nuit. Mais l’établissement sert de repaire à une bande de petits truands, dont le Sentencier va vite devenir le chef, pour mieux les remettre dans le droit chemin.
Presque au même moment que Fric Frac, qui a connu un immense succès, le tandem Arletty/Michel Simon se reforme à l’occasion de cette truculente comédie, faisant s’entrechoquer deux mondes: celui de la bourgeoisie et de la droiture et celui de la magouille et de l’escroquerie. Mélanger des personnages aux antipodes les uns des autres et les faire cohabiter reste la merveilleuse idée de ce petit film, aux situations drôles, décalées et bien réjouissantes. Dans cette auberge où la boisson coule à flots, le personnage du procureur s’encanaille et fricote avec des malfrats et autres maquereaux, tout en dissimulant bien sûr son statut social. Ecrite par Jean Boyer et le fils de Feydau, cette histoire tient davantage du théâtre filmé, mais bénéficie de répliques si savoureuses qu’elles emportent notre adhésion sans le moindre mal.
Le spectateur d’aujourd’hui jugera sûrement le fond du propos moralisateur et la mise en scène « limitée » en termes d’idées neuves, mais la bonne humeur contagieuse de l’ensemble en a fait un succès populaire immédiat. La chanson Comme de bien entendu compose admirablement le score principal et elle est devenue presque plus connue que le film lui même. Soutenu par une troupe d’acteurs d’avant guerre au naturel et à la gouaille irrésistible, Circonstances Atténuantes demeure une comédie incontournable de notre patrimoine, surtout grâce à Michel Simon et sa trogne incomparable et à l’irremplaçable Arletty, juste après sa consécration définitive dans Hôtel du Nord.
ANNEE DE PRODUCTION 1939.
