Jacques et Martine s’apprêtent à recevoir une ribambelle d’amis à dîner. Tous ne se sont pas revus depuis dix ans et entre temps, certains ont réussi quand d’autres ont eu moins de succès. L’invité d’honneur est l’ex de Martine, devenu un écrivain très prisé des médias, accompagné de son épouse, une talentueuse journaliste.
Cette toute première collaboration entre Jean Pierre Bacri et Agnès Jaoui fut d’abord une pièce de théâtre jouée à guichets fermés pendant presque trois ans avant d’être portée à l’écran. Cuisine et dépendances marque déjà leur style si singulier, leur manière précise d’observer leur prochain, de mettre à jour les petites mesquineries de chacun, les travers de l’être humain. Cette comédie acide se présente sous la forme d’un ballet de nerfs, de rancoeurs et de disputes entre d’anciens amis, au cours d’une soirée qui vire au désastre. En utilisant le hors champ avec adresse (on ne parle que de l invité principal sans jamais le voir physiquement), le film est dirigé par Philippe Muyl avec une sagesse relative et des idées de réalisation assez timides, mais l’intérêt est ailleurs. D’abord dans la force du texte, brillant par son ton comique et amer a la fois, par ses dialogues féroces et ses réparties percutantes. Les personnages sont très bien croqués, entre la maitresse de maison qui veut sauver les apparences, le frère dilletante, l’ami bougon et la journaliste cool (avec ses limites).
Ensuite, par le grand talent de comédiens sensationnels, le film prend une dimension supplémentaire. Zabou est excellente en bourgeoise excédée , Bacri sempiternel râleur, Agnès Jaoui délicieusement drôle, Sam Karmann joue le mari fasciné par la popularité de son hôte et enfin Jean Pierre Darroussin parfait en frère immature et toujours en galère de fric. Cuisine et dépendances n’atteint pas la quasi perfection d’Un air de famille , mais compte tout de même dans la catégorie des comédies les plus enlevées des années 90.
ANNEE DE PRODUCTION 1993.