Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance de sa mère devant l’inéluctable. Le dévouement d’un médecin et d’une infirmière pour les accompagner dans cette épreuve. Sur une année, en quatre saisons, comment apprivoiser l’inacceptable et du coup, « mourir de son vivant »…
L’actrice réalisatrice Emmanuelle Bercot s’est mis en tête de filmer la fin de vie d’un homme, condamné par un cancer incurable et surtout de raconter le chemin à effectuer pour lui et ses proches, afin d’accepter l’inexorable. Ce drame intimiste chargé donne quasiment plus d’importance aux soignants qu’au malade et surtout par le rôle tenu par le Docteur Gabriel Sara, cancérologue réputé, décrivant son approche aussi à ceux qui ne sont pas directement touchés par la maladie, mais qui la redoutent naturellement. La cinéaste place sa caméra dans un hôpital pour la grande majorité des séquences, comme une immersion totale dans le milieu médical. Son scénario ne se concentre pas seulement sur le sort de son personnage masculin principal ou de son rapport avec sa mère démunie et dévastée par sa fin imminente, le récit se perd quelque peu dans des « intrigues » périphériques (l’histoire du fils non reconnu qui refait surface est clairement en trop, ainsi que les passages avec les élèves du cours de théâtre). La mise en scène de Bercot, généreuse, a pourtant de quoi séduire: elle réussit le tour de force de traiter ce sujet ardu et ô combien « inattaquable » avec un maximum de douceur et de compassion. Mais force est de reconnaitre qu’elle ne transcende pas non plus un thème qui a un inconvénient majeur: on connait d’avance le dénouement. Est ce cela qui empêche l’émotion d’atteindre des sommets?
Un de ses précédents films, La Tête Haute, tutoyait les étoiles et montait en flèche dans le psychodrame déchirant, quasiment sans forcer le trait. C’est paradoxalement moins le cas ici. Quant à la distribution, on retrouve le tandem du film cité plus haut: Benoit Magimel mérite tous les éloges tant il n’a jamais été à ce point habité par un rôle et toute sa douleur silencieuse crève l’écran. Face à lui, Catherine Deneuve semble plus mal à l’aise, en tout cas engoncée dans une composition moyennement convaincante. On sait qu’elle a subi un AVC au cours de ce tournage et que le film s’est étalé sur plusieurs mois, son état « convalescent » se ressent clairement dans son jeu. Malgré ces réserves, De son Vivant se veut un hymne à la vie, et c’est déja mieux qu’un énième mélo pleurnichard.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.