DOMAINE

Pierre, un adolescent de 17 ans, passe tout son temps libre avec Nadia, sa tante mathématicienne tourmentée d’une quarantaine d’années. Leur relation est amicale, indéfinie, presque amoureuse. L’anarchie qui règne dans la vie de Nadia fascine ce jeune homme, au seuil de l’âge adulte. Nadia est une femme blessée, dépendante de l’alcool. Petit à petit, elle s’abandonne et se livre. En parallèle, Pierre vit sa première relation homosexuelle…

Ce tout premier long métrage du jeune cinéaste Patrick Chiha, jusque là auteur de deux courts remarqués, décrit la relation particulière entre un tout jeune homme avec sa tante alcoolique et désabusée, se plaçant d’emblée dans une démarche auteuriste, avec tout ce que cela comporte de bons et de mauvais présages. Chiha préfère les non dits et l’absence de psychologie à trop d’explications rationnelles, ce qui est en soi une qualité, mais il use un poil trop de plans interminables pour signifier le silence ou le malaise. D’où le sentiment d’un récit lancinant, opaque, dans lequel il est difficile de rentrer. Le romantisme un peu sombre, allié à la mélancolie des personnages, confère par contre au film une poésie singulière, dans lequel les espaces naturels (les bois et la ville de Bordeaux filmés de façon intéressante) sont aussi importants que les protagonistes. Mieux vaut ne pas chercher à tout démêler de ce lien neveu/tante ambigu, car ici nous sommes davantage dans le ressenti, l’impalpable, la caméra caresse les corps sans les heurter, c’est de l’ordre du frémissement. Chiha a l’intelligence de ne pas traiter l’alcoolisme de manière outrée, il présente son héroïne chancelante et se perdant dans ses mots et de ce point de vue, c’est beaucoup plus frappant qu’une série de séquences de beuveries souvent mal jouées.

Au niveau du jeu d’ailleurs, il offre un curieux contre emploi à Béatrice Dalle (il fallait l’imaginer en mathématicienne quand même!!) et elle y est stupéfiante de vérité, brisée de l’intérieur par on ne sait trop quel passé. Sa présence animale nous fascine du début à la fin. Son jeune partenaire, Isaïe Sultan, au contraire, n’imprime pas les esprits et n’a rien de spécialement emballant. Sous son apparente austérité et sa mise en scène un peu trop raide, Domaine acquiert une sorte de plénitude dans sa dernière partie, dans lequel le lâcher prise, le renoncement, mais aussi la maturité parviennent à jaillir subtilement. Un film à la beauté fragile.

ANNEE DE PRODUCTION 2010.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Un récit guindé et pas évident à appréhender, mais un premier film de qualité malgré tout. Béatrice Dalle incandescente justifie amplement de découvrir cette oeuvre.

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