Rachel a 9 ans et des parents surprotecteurs, une mémé mortifère, une institutrice nymphomane. Mais heureusement une meilleure amie, Valérie, du même âge, rigolote, fantasque et toujours gaie, élevée par sa maman célibataire, Catherine. Elles explorent l’impitoyable monde de l’enfance, menant parfois trop vite vers celui des adultes…
Réalisatrice de La Tête de Maman, un « joli » drame familial sur la dépression d’une maman, Carine Tardieu se penche avec cet opus sur les affres d’une petite fille, surprotégée par sa mère névrosée, toujours un peu seule, jusqu’à sa rencontre avec une autre gamine beaucoup plus solaire et que cette amitié va éveiller aux autres. Ce pitch, pas forcément original sur le papier, trouve assez vite un ton enjoué et singulier, entre comédie et drame, et gagne notre attention par des petits riens, des séquences pleine de tendresse et de chaleur. Tardieu trousse un récit d’apprentissage bourré de moments grâcieux, décrivant les complexes de l’âge ingrat, oscillant entre une légèreté constante et parfois une gravité sous jacente pointant le bout de son nez, sans prévenir… Chronique sensible, Du Vent dans mes mollets s’intéresse par ricochets aux tourments des adultes et des parents (vie de couple sclérosée, tentation de l’adultère, vieillesse), utilisant des « vignettes » clin d’oeil aux années 80 (laissant penser que la réalisatrice évoque sa propre enfance): ainsi, La Boum, Dallas, Coluche, mais aussi le tube de Kate Bush Baboushka ou Barbara s’invite dans une BO nostalgique évidente. Ce pourrait être lourd et signifiant et en fait, ça fonctionne et le charme opère sans le moindre mal. L’esplièglerie des deux fillettes aurait pu irriter, elle contribue au contraire à la fraicheur générale du film.
Quant au casting, il provoque aussi l’enthousiasme, avec Agnès Jaoui en mère juive empêtrée dans ses névroses (parfaite), Denis Podalydés, Isabelle Carré en maman célibataire fort séduisante, et Isabella Rossellini campe la psychologue pour enfants avec sa classe naturelle. Le final inattendu cause une émotion brute dans laquelle Carine Tardieu passe presque sans transition de la drôlerie à la tristesse: un peu comme la vie qui nous réserve des instants de bonheur inouïs et aussi des épreuves à surmonter. Une oeuvre généreuse et touchante à ne surtout pas négliger.
ANNEE DE PRODUCTION 2012.