En 1947, Edith Piaf et Marcel Cerdan sont tous deux au sommet de leur gloire. Ils se rencontrent à New York et c’est le début de leur histoire d’amour qui va durer deux ans. Jusqu’à la mort tragique du boxeur dans un accident d’avion. Parallèlement, Margot de Villedieu, sosie parfait de Piaf, s’enflamme pour les lettres de Jacques Barbier dont elle est la marraine de guerre. Mais celles ci sont en fait dictées par l’adjudant Francis Roman…
On connait le goût immodéré de Claude Lelouch pour les histoires d’amour et son sens du romanesque (parfois et même souvent démultiplié). Avec la passion de Piaf pour Cerdan, il tenait entre les mains du pain béni pour son cinéma « plus grand que la vie » et décida d’en faire un grand film avec reconstitution d’époque, chansons populaires et sentiments exacerbés. Edith Et Marcel ne se pose pourtant pas comme un biopic couplé du fameux duo, tout simplement parce que l’auteur d’Un Homme et une Femme y intègre comme à l’accoutumée une autre histoire périphérique faisant écho à la première. Le récit d’une romance beaucoup plus contrariée et chaotique que celles de Piaf et Cerdan, mais qui ajoute à son script un intéressant contre point finalement « logique » avec son sujet. Les défauts du film tiennent dans cette outrance « fleur bleue » trop systématique de Lelouch et dans la conduite parfois maladroite des deux « histoires », chacune un peu handicapées par des longueurs inutiles. Au delà de ça, la mise en scène ne manque pas de passion, l’investissement du réalisateur se fait bien sentir, ses intentions sincères résonnant à l’unisson de la musique (omniprésente) et refaisant admirer le répertoire de la Môme.
25 ans avant Marion Cotillard, c’est Evelyne Bouix qui entra dans la peau de l’interprète de La Vie en Rose, avec de louables efforts pour les play backs et pour redonner vie par la force de caractère à cette femme hors du commun. Sans accomplir un travail d’actrice trop scolaire, elle la joue à l’instinct et le résultat n’est pas si mal. Remplaçant Patrick Dewaere au pied levé suite au suicide de l’acteur, Marcel Cerdan Jr, jamais comédien auparavant, endosse les gants de boxe de son illustre père et Lelouch tire de lui une composition simple et sans effets, mais finalement convaincante. Pour le reste du casting, le défilé de vedettes file le tournis: Jacques Villeret, Francis Huster, Charles Gérard, Jean Claude Brialy (en excellent imprésario), Jean Bouise, Charlotte de Turckeim, Charles Aznavour, etc, etc… Tout compte fait, même loin d’être parfait, Edith et Marcel s’impose comme une oeuvre attachante, nostalgique, dure comme la vie peut l’être, et surtout qui n’oublie pas d’avoir du coeur.
ANNEE DE PRODUCTION 1983.