Alors qu’elle attend son premier enfant, Emma apprend qu’elle a un cancer du sein assez avancé. Le médecin qui lui annonce prévoit un avortement, les soins préconisés étant selon lui incompatibles avec une grossesse. Simon, son compagnon, l’incite à consulter un autre spécialiste, le Docteur Morin, qui affirme que la chimiothérapie peut se dérouler sans danger pour le futur bébé. Emma reprend confiance et démarre un combat pour gagner la partie…
D’abord documentariste, la réalisatrice Solveig Anspach est passé au long métrage de fiction en grande partie pour raconter sa propre histoire: celle d’une femme enceinte et atteinte d’un cancer. Pour décrire le combat infini d’une guerrière, bien décidée à garder son bébé et à sauver sa propre vie, gagner la bataille contre la maladie, elle montre les différentes étapes qu’elle a traversé: l’abattement, le découragement, la hargne, la fatigue extrême, l’envie de vivre coûte que coûte. Son héroïne, Emma, c’est elle et sa caméra la filme avec tendresse, compassion, tact, l’accompagnant au plus près, non seulement dans son quotidien bouleversé par les traitements (lourds), la perte des cheveux, l’énergie amputée, le long chemin de croix pour sortir des ténèbres. Grâce à un scénario intelligent, émouvant et allant directement à l’os de son sujet, Haut les Coeurs nous embarque dans cette approche humaine de la maladie, entre peur et espoir, évitant scrupuleusement de tomber dans l’écueil facile des larmes gratuites. Malgré le thème douloureux qu’elle aborde, Solveig Anspach a su injecter de la joie, de la vie, du mouvement dans cette évocation sentant fortement le vécu. Les sentiments paradoxaux que traversent Emma (émerveillement devant la naissance de son enfant, dégoût devant la dégradation de son état général) ne sont jamais appuyés, traités avec pudeur et sensibilité.
Haut les Coeurs doit évidemment beaucoup à son actrice vedette: tour à tour drôle, touchante, lumineuse, Karin Viard trouve sans nul doute le plus beau rôle de sa carrière. Elle fut récompensée par un César d’interprétation et lui ouvrit les portes d’un cinéma à la fois populaire et exigeant. A ses côtés, Laurent Lucas, plus habitué aux univers torturés, campe le compagnon attentif et dévoué avec une très belle tenue. Quand on aboutit à la séquence de la chambre stérile, baignée d’une lumière blanche presque aveuglante, on sait que cette héroïne ne pourra plus jamais quitter nos pensées. La sincérité évidente de cette oeuvre nous habite longtemps après la fin de la projection.
ANNEE DE PRODUCTION 1999
