Anna, la patronne de l’Hotel de France, a organisé une petite réunion en compagnie d’anciens amis de lycée et de quelques membres de sa famille. Au cours de la fête, arrive Michel, au bras de son épouse Catherine, dont il ne semble pas faire grand cas. Alors que tous croyaient qu’il avait brillamment réussi sa vie, Michel n’est que maitre auxiliaire. Autant dire qu’il souffre de son échec et de sa vie ratée. Parmi les convives, Michel aperçoit Sonia, un ancien amour. A la recherche du passé, il tente de la reconquérir…
Quatre ans après le très beau et âpre Homme Blessé, Patrice Chéreau tente de moderniser un texte d’Anton Tchekhov, intitulé Platonov, et se lance dans l’entreprise avec toute sa troupe de jeunes comédiens du Théâtre des Amandiers de Nanterre. Ce film choral, situé entre les murs d’un hôtel au bord d’une route nationale d’Angers, réunit plus d’une dizaine de personnages, liés soit par amitié, soit par amour et se retrouvent des années après leur dernière rencontre: l’occasion de faire des bilans, de constater les différences de parcours de chacun, de raviver surtout les rancoeurs et les reproches. Chéreau, spécialiste du déchainement des passions, semble se perdre cette fois dans son style et confond énergie bouillonnante avec agitation fatigante. En effet, on assiste péniblement à une suite de séquences abreuvées de dialogues (parfois confus), d’échanges vifs où l’hystérie vire à la cacophonie et où le spectateur se trouve clairement exclu. Le plus dérangeant est que nous ne pouvons nous attacher à aucun des protagonistes, car pas un n’est assez développé pour cela et surtout l’intrigue ne se déploie jamais.
C’est d’autant plus décevant et rageant que Chéreau a engagé cette bande d’acteurs et actrices dans la force de l’âge, talentueux, et pour la majorité ils auront ensuite de brillantes carrières. Ainsi, on retrouve à ses débuts Vincent Pérez, Laurent Grévill, Valéria Bruni Tedeschi, Marianne Denicourt, Bruno Todeschini, Thibaut de Montalembert, Isabelle Renault, Agnès Jaoui. A leurs côtés, deux figures masculines plus mûres et expérimentées tenues par Jean Louis Richard et Jean Paul Roussillon, remarquables aussi. Mais le jeu de chacun se heurte à l’incapacité de leur metteur en scène à les canaliser et tout simplement à raconter une véritable histoire. Quand on pense à la vigueur de Ceux qui m’aiment prendront le train, autre film de groupe de Chéreau, on est consterné devant ce drame raté.
ANNEE DE PRODUCTION 1987.