Dans un collège quelque part en Angleterre, les jeunes élèves doivent subir la féroce discipline instaurée par les adultes. Ces méthodes sont destinées à changer de simples étudiants en dignes représentants de l’establishment britannique. Trois élèves, qui refusent cet embrigadement massif, rusent avec le système, le détournent tout d’abord en douceur, en utilisant leurs propres méthodes de résistance passive…
Tourné et sorti tout de suite après les événements de Mai 68 qui ont vu une révolte étudiante élever sa voix, If… est l’oeuvre d’un contestataire. Fer de lance du free cinéma, un mouvement que l’on a trop souvent réduit à une sorte de Nouvelle Vague anglaise, mais qui était surtout un courant idéologique aux idées neuves pour permettre au cinéma de coller à son époque, le réalisateur Lyndsay Anderson occupe sûrement une place de choix dans une petite liste de cinéastes favorables à cette vision, un peu comme Karel Reisz ou Tony Richardson. Il décortique ici l’absurdité du système éducatif, dénonçant sa violence psychologique désastreuse, mais pas seulement. La religion, l’armée en prennent aussi pour leur grade, en tant qu’institutions censées « faire rentrer dans le rang et dans le moule » des jeunes en devenir. De facture plutôt classique dans son prologue et son installation, le récit s’attarde davantage sur la résignation que sur la rébellion, mais on sent clairement celle ci se former au fur et à mesure dans le caractère des trois jeunes héros.
Anderson ambitionne d’offrir un cinéma anarchiste, pas figé dans ses acquis et donc formellement il se démarque avec un montage surprenant pour l’époque, et il insère des images en noir et blanc pour trancher avec la couleur, pourtant en vogue à ce moment là. Cette jeunesse décrite comme apparemment soumise est acculée par l’autorité et va répondre par une forme de violence aussi radicale. Ainsi, les dix dernières minutes du métrage versent dans un déchainement, en germe tout au long de l’intrigue. L’opus obtint la Palme d’Or à Cannes, divisant la critique par ses positions politiques. Dans le rôle du jeune Travis, le « meneur » du groupe, Malcom Mc Dowell impressionne par son interprétation inspirée. En le découvrant là, un certain Stanley Kubrick a immédiatement su qu’il serait son Alex, le hooligan fou de Beethoven et d’ultraviolence d’Orange Mécanique.
ANNEE DE PRODUCTION 1968.