C’est la confusion totale dans la tête d’Alain, avocat d’environ 40 ans. Il hésite, tergiverse, voudrait se marier avec sa collègue Laurence, jolie femme au fort caractère. Mais en même temps il sort avec Christophe, un jeune garçon qu’il a rencontré grâce à une ancienne maitresse, et puis il désire aussi Marc, un de ses clients taulards qui, lui, est amoureux de Babette, une coiffeuse qui n’en a rien à foutre de lui…
Rarement comme avec cette oeuvre aura t’on aussi bien décrit l’état de désordre amoureux, les hésitations du coeur, l’ambivalence sexuelle! D’après un roman d’Ilan Duran Cohen qu’il réadapte exprès pour le cinéma, La Confusion des genres se penche sur le cas d’un homme franchement irrésolu dans ses désirs, balançant entre la sécurité de relations stables et l’ivresse des rencontres de hasard. Masculines comme féminines. Le portrait d’un bisexuel décomplexé, mais pas forcément heureux, ni dans un état ni dans un autre, esclave de ses innombrables questionnements, otage de son incapacité à se fixer une ligne de vie claire et nette. Par l’entremise de dialogues percutants et très affutés, le film oscille plutôt du côté de la comédie cynique, même si un fond de drame n’est jamais bien loin. L’éternel déphasage d’Alain, ses atermoiements sentimentaux, font l’objet de situations décalées, souvent drôles, jouant avec la morale et les principes tout établis, et pose mine de rien de vraies questions existentielles: qu’est ce qu’être un couple? pourquoi devoir toujours choisir? l’attirance sexuelle aboutit elle toujours à l’amour? Doit on nécessairement suivre le schéma sclérosé imposé par nos sociétés modernes? Ilan Duran Cohen ne se prend pas au sérieux, du coup nous amuse souvent avec des réparties inattendues, nous charme avec une galerie de personnages tout aussi paumés que le héros principal finalement.
Servi par une ribambelle de très bons comédiens, La Confusion des Genres met en avant Pascal Greggory, parfait en avocat déchiré entre plusieurs tentations, tout en laissant aux autres la latitude de briller près de lui. Pour les femmes, carton plein avec Nathalie Richard, Julie Gayet (pour une rare fois très convaincante), Bulle Ogier en mère dédaigneuse (grand numéro d’actrice). Les rôles masculins dévolus à Cyrille Thouvenin, Vincent Martinez, et Alain Bashung (en taulard désenchanté) apportent de l’eau au joyeux moulin de ce joyeux bordel. Une comédie de moeurs qui ne prend pas le public pour un idiot et au propos de fond plus sérieux qu’il en a l’air.
ANNEE DE PRODUCTION 2000.