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LA PIEL QUE HABITO

Robert Ledgard, spécialiste de chirurgie esthétique, a perdu sa femme bien aimée qui s’est suicidée, n’ayant pas supporté d’avoir été défigurée dans un accident de la route. Plus tard, sa fille Norma, victime d’un viol, se suicide à son tour. Cette série tragique entraine Ledgard dans une folie vengeresse: il décide de séquestrer le supposé violeur, un jeune homme du nom de Vicente, pour lui faire subir diverses expériences. Surtout une vaginoplastie. Vicente devient ainsi Vera, une superbe créature. Celle ci devient la maitresse de Ledgard…

Dans toute l’oeuvre d’Almodovar, La Piel Que Habito en constitue certainement un des segments les plus sombres. Lointainement inspiré du roman français, Mygale, écrit par Thierry Jonquet, le script (certes tordu) convoque autant le cinéma horrifique avec ses thèmes du docteur fou et de sa créature réinventée et celui du mélodrame flamboyant sur fond d’ambivalence sexuelle, de passions morbides, de vengeances implacables. Ce chirurgien dérangé pourrait tout à fait sortir de l’univers de Jess Franco (L’abominable Docteur Orloff) ou bien encore de Franju tant la filiation avec Les Yeux Sans Visage est évidente. Almodovar semble se moquer des « invraisemblances » et trace un scénario diabolique, retors, dont il délivre les clefs par de longs flash backs (d’ailleurs un peu trop explicatifs). La beauté des images, la maitrise de la mise en scène sont là pour nous rappeler que le cinéaste espagnol reste avant tout un conteur d’histoires hors pair et qu’il suffit de se laisser porter par ses émotions. Devant le détournement excessif des bienfaits de la chirurgie esthétique et la radicalité des expériences scientifiques ici mises à jour, on nage bien sûr en plein thriller et en pleine exploration des ténèbres de l’âme humaine. Almodovar pose un regard clinique de temps à autre traversé par des notes d’humour, mais très furtives.

La Piel que Habito s’avère une expérience visuelle et presque charnelle originale et troublante. Almodovar retrouve l’un de ses acteurs fétiches, Antonio Banderas, cette fois dans un rôle éloigné des précédents: il joue ce chirurgien avec une froideur inédite et le pare d’inquiétantes zones d’ombres. La jeune héroïne, Elena Anaya, remarquée dans Parle avec elle, incarne la victime presque consentante de son bourreau avec une belle retenue. Marisa Paredes renoue avec son réalisateur de Talons Aiguilles pour un second rôle de domestique assistante complice. Avec des thèmes forts comme l’abus de pouvoir, la duperie et la trahison, cet opus du maitre ibérique se révèle imaginatif et extravagant. Des qualités absolument essentielles pour faire un cinéma déroutant. Quitte à être un peu désincarné.

ANNEE DE PRODUCTION 2011.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Retors et pervers, un scénario inspiré de Mygale, le roman de Jonquet. Almodovar signe son film le plus sombre tout en restant très original. Banderas inquiétant.

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