A la Nouvelle Orléans, au début des années 30, Dove LinkHorn, un jeune texan recherche son amour de jeunesse, Hallie, perdu depuis plus de trois ans. Sur sa route, il croise une jeune vagabonde orpheline, Kitty, mais à la suite d’un différend, ils se séparent. Dove découvre bientôt que Hallie travaille dans une maison close, tenue de main de fer par Jo, une maquerelle autoritaire que chaque fille du lieu craint…
Artisan régulier et assez efficace du cinéma hollywoodien, Edward Dmytryk adapte en ce début de décennie 60 le roman homonyme de Nelson Algren, Walk on the Wild Side, dont le titre deviendra en français La Rue Chaude, en lien direct avec le thème de la prostitution qu’il évoque frontalement. Rappelant un peu l’esprit et le style d’écriture de Tennessee Williams, le film déroule son intrigue dans une ambiance poisseuse, tout en possédant paradoxalement un charme vénéneux redoutable, présentant des personnages à la vie cabossée, aux destinées peu reluisantes et mues par des passions intérieures destructrices. La réalisation de Dmytryk est honnête (même si sans fulgurances), tout au service de cette peinture d’une Amérique d’après la crise de 1929, un peu en errance et en perdition, à l’image du jeune héros qu’incarne Laurence Harvey avec son physique de beau brun tourmenté (il était déjà excellent dans Les Chemins de la Haute Ville). Sur un beau noir et blanc et grâce à des dialogues provoquants (pour l’époque), nous voila embarqués dans le monde glauque d’une maison de passe, où la belle héroïne ne peut se sortir des griffes de la méchante tenancière, jouée par une Barbara Stanwyck imposante de présence. L’amour sera t’il assez fort pour vaincre du Mal?
Le drame sentimental débute par un splendide générique de Saul Bass, où des chattes visiblement en chaleur se battent entre elles, sur une musique d’Elmer Bernstein, donnant le ton d’entrée de jeu. La représentation de la prostitution a certes été plus subtile et moins caricaturale dans d’autres films américains, cependant il se dégage là un parfum sulfureux un peu suranné, mais clairement envoûtant. La Rue Chaude se pose surtout en grand film d’actrices: le mannequin Capucine campe avec pas mal d’aplomb une femme en pleine déchéance, n’osant plus rêver à retrouver une vie normale, Anne Baxter (l’inoubliable Eve) tient le rôle d’une serveuse de bar mexicain entichée du héros, et surtout Jane Fonda, éclatante de beauté, fait des débuts prometteurs. Elle n’a qu’un rôle secondaire, mais impossible de l’oublier une fois la projection terminée.
ANNEE DE PRODUCTION 1962