1873, une petite ville du Middle West. Courtisée par Eugene Morgan, Isabel Amberson lui préfère un riche industriel Wilbur Minafer. Elle a un fils, George. Lors d’un bal, il s’éprend de Lucy, la fille de Morgan, qui est devenu constructeur d’automobiles. La mort de Wilbur a rendu Isabel libre. Elle songe à épouser Morgan mais son fils s’y oppose fermement…
Un an après son incroyable entrée en cinéma avec Citizen Kane (qu’il écrit, produit, réalise et joue !!) Orson Welles rempile pour un second long métrage. Dans une ambiance influencée par le roman français du XIX e siècle, La Splendeur des Amberson est autant une étude de caractères que l’évocation du déclin de l’ancien patriarcat au profit de la bourgeoisie et du progrès économique, l’affrontement sentimental de deux familles de classe sociale différentes. Welles privilégie les plans séquence, toujours très alerte sur son esthétique, les profondeurs de champs, et un récit ressemblant à un feuilleton se déroulant sur quelques décennies. George, le personnage central, est un enfant chéri au sein d’une famille richissime, dévoré par la vanité et « attaché » aux valeurs de l’ancien monde, refusant de voir ses privilèges menacés. L’impossible mariage entre sa mère et Morgan, le constructeur automobile ambitieux, symbolise la difficile alliance entre deux classes sociales qui ne s’accordent pas. La Splendeur fut hélas charcuté par la RKO et Welles perdit tout contrôle sur son montage final. Bien qu’inférieur de manière globale à Kane, cette oeuvre démontre la maestria de Welles, le fourmillement de ses idées, son élan créatif assez unique à Hollywood. Le cinéaste n’épargne pas ses héros, les montrant comme des nantis croulant sous leur orgueil, même arrivés au crépuscule de leurs existences ultra favorisées.
Welles retrouve plusieurs de ses comédiens fétiches parmi lesquels Joseph Cotten, Agnès Moorehead et en dirige de nouveaux comme Anne Baxter ou Tim Holt. Mais bien plus que le casting, il s’agit une nouvelle fois de saluer le style de Welles osant des travellings latéraux, des contre plongées et des éclairages contrastés à une époque où la mise en images n’était pas aussi sophistiquée. Le petit bémol réside dans le final, conventionnel et dans lequel la bonne morale est sauve: on assiste au repentir des puissants, au triomphe de l’audace et au bonheur des jeunes amoureux. Mais était ce vraiment la conclusion que Welles désirait ou bien est ce le studio qui a oeuvré dans ce sens ? En tout cas du grand cinéma.
ANNEE DE PRODUCTION 1942.